MCIII
Mikal Cronin
Pour rappel, Mikal Cronin, c'est le pauvre biquet qui ne cesse de pondre des bons morceaux et que les badauds continuent à pointer du doigt en s'exclamant "Ce serait pas le type qui joue derrière Ty Segall?". Avec sa silhouette d'adolescent aux bras trop longs, le bougre se voit ainsi contraint d'orbiter autour de son meilleur pote alors qu'il a toujours fait de l'excellent boulot sans son appui. Chaque livraison sonne dès lors comme une nouvelle tentative de marquer son territoire dans la nasse des songwriters sensibles. Et notre homme bataille dur pour y parvenir.
"Et puis merde, vous me les emballerez aussi!", s'est-il d'ailleurs dit en reluquant les violons et les cuivres dans la vitrine. "Je vais gentiment les bercer avec du piano et des cordes en introduction et quand ils auront l'air bien détendu, je leurs confisque leur balançoire." Voilà à peu de choses près l'impression que donnent les deux chapitres distincts de ce troisième épisode MC.
Déjà bien à l'aise dans sa cour de récré power pop sans colorants ni conservateurs, Cronin commence par casser sa tirelire pour s'offrir davantage de nuances et la production adaptée. Ça passe crème. On y croit vachement, à ses textes sur la solitude et l'innocence perdue. Pas seulement parce qu'il a la gueule de l'emploi mais parce qu'il manipule ses nouveaux jouets avec tendresse et précaution. On se sent à peine coupable d'avoir l'oeil humide et le coeur en pagaille.
La transition avec la seconde partie est un peu abrupte mais pas forcément désagréable. On range les accessoires et on débride légèrement la batterie. Guitare au centre, retour aux fondamentaux. Seuls "ii)Gold" et "iv)Ready" se permettent d'injecter un peu d'électricité entre deux ballades dénudées. On le connait déjà, ce Cronin-là mais il serait indécent de faire la fine bouche.
"Un peu déçu par le skeud… On dirait un mélange de Ty Segall, de The Posies et d'Arcade Fire période Funeral." Cette description laconique du rédac' chef m'a fait prendre conscience (non sans une certaine appréhension) que mes oreilles n'avaient manifestement pas les mêmes critères d'exigence que les siennes. Sur papier, la combinaison Ty Segall/The Posies/Arcade Fire période Funeral me semblait tout à fait satisfaisante en ce début d'été paresseux. Après écoute, cela se confirme: l'écriture de Mikal Cronin se situe tout de même largement au dessus de celle de Taylor Swift. Mais je peux toujours me tromper…