Maybe Something That Dies Someday Comes Back
The Artyfacts
Décidément, ces derniers temps, les jeunes groupes français vont chercher leur inspiration dans le Grand Ouest. Attention, le Grand Ouest en question, ce n'est pas la Bretagne, son far, le kouign aman ou les Traou Mad au Nutella, non. Ce Grand Ouest-là, ce sont les Etats-Unis, et plus particulièrement le rock américain des années 1960. Avant le premier album des Parisiens de Revolver, que l'on a déjà pu apprécier en concert, voici les Bordelais de The Artyfacts, qui sont allés pousser le mimétisme avec des formations comme The Zombies ou Serpent Power en adoptant une imagerie sixties pour la jaquette de leur opus.
Revendiquant des modèles prestigieux tels que Tom Petty ou les Beatles, The Artyfacts tentent, comme le nom de leur album l'indique, de jouer les sorciers aquitains dont le talent consisterait à ressusciter une ambiance, une époque, un univers : Maybe Something That Dies Someday Comes Back. Eh oui, peut-être. Cependant, le rock sixties est-il vraiment mort ? Les jolies mélodies folk aux accents rétro, voici plusieurs années déjà que des groupes, britanniques pour la plupart, se sont fait une spécialité de les reproduire, avec plus ou moins de réussite d'ailleurs. Que l'on songe à The Coral, pour les plus brillants, aux Zutons, voire aux Last Shadow Puppets, dans un style toutefois relativement différent, on ne peut pas dire que le genre soit totalement déserté, ni que des pointures n'aient pas déjà fait leurs preuves avec succès.
Alors, tentative un peu vaine de la part de The Artyfacts ? On serait bien portés à le penser. Parce que leurs chansons, même joliment troussées, sont toutes extrêmement mineures et ne parviennent jamais à dépasser le stade du simple hommage, sans volonté manifeste de dépasser les modèles invoqués. Que l'on songe un instant à The Thrills, qui combattent dans la même catégorie, et l'on mesure le gouffre qui sépare un titre comme "Big Sur" du meilleur morceau de The Artyfacts, "Nebraska City". Clairement, les Français ont encore du chemin à faire pour parvenir à des mélodies finement ciselées immédiatement accessibles et pour réussir leurs arrangements, même si l'on applaudit l'utilisation, ici, de cuivres ("Love in Spain") et d'essais d'harmonies vocales ("On a Carousel").
Bien sûr, le groupe apparaît plutôt sympathique, la jaquette de leur disque et les clins d'oeil appuyés ("Rory Gallagher, I Love you but you're bringing me down") montrent que ses membres possèdent un joli sens de l'humour. Cependant, musicalement, on est assez loin du compte et l'on s'étonne un peu des louanges tressées à nos quatre Bordelais et reproduites dans le dossier de presse. Meilleur groupe de Gironde ? Peut-être, mais on n'osera pas écouter les autres, du coup.