May Day
Peter Von Poehl
Sous ses airs de gendre idéal, Peter Von Poehl avait fait chavirer bien des cœurs voici trois ans, à la sortie de Going To Where The Tea Trees Are. Repéré dans un premier temps auprès de Bertrand Burgalat et du label Tricatel, l’ancien guitariste du groupe AS Dragon nous y livrait une pop magnifiquement ourlée d’arrangements finement ciselés. En l’espace de douze compositions d’une rare évidence, le plus français des Suédois s’était fait une place au soleil. Avec May Day, Peter Von Poehl a donc l’ambition de s’inscrire dans la durée…
Dès la première écoute de ce second opus, un constat s’impose : May Day demandera du temps avant d’être complètement maîtrisé. Plus complexe donc que son prédécesseur du point de vue de l’écriture, ce disque n’est en pas moins long en bouche. Ouvrant sur un Parliament roulant un peu trop des mécaniques, May Day prouve néanmoins que Peter Von Poehl n’a rien perdu de sa superbe. Car s’il en faudrait peu pour verser dans l’anecdotique, la classe et le groove du Suédois suffissent à faire pencher la balance sur un disque dont la moitié des textes ont été écrits par Marie Modiano. Entre le folk, la pop et la soul, le Suédois ne cesse de jongler et de nous faire valser. Le seul bémol que l’on puisse émettre au bout du compte est la longueur de May Day, on aurait aimé le voir plus concis, raboté d’un ou deux titres. Ce qui est d’autant plus dommage qu’Elisabeth et An Eye for an Eye font partie des meilleurs morceaux de l’album. Conçu au fin fond de la campagne suédoise, aux côtés du fidèle Christopher Lundquist, cet effort voit l’artiste tirer la quintessence de son art lors de ces ballades sucrées-salées, douces-amères dont il a le secret ("Forgotten Garden", "May Day", "Mexico",…). À l’instar de son titre à double sens, ce disque nous plonge tantôt dans la mélancolie, tantôt dans une certaine légèreté. Et cela contribue au fait que l’on ne sache pas trop sur quel pied danser.
Est-il encore utile de préciser que le retour de Peter Von Poehl s’apparente à une réussite ? Tout en ne s’endormant pas sur ses lauriers, le Suédois est parvenu à renouveler son univers avec l’aide d’une autre plume que la sienne. Qu’importe le résultat est là et brille avec un certain éclat. Entre beauté froide et charbon ardent.