Mary Anne Hobbs Presents : Wild Angels
Various Artists
C’est maintenant devenu une habitude : tous les huit mois on a droit à la nouvelle compilation de Mary Anne Hobbs. Et comme jamais deux sans trois, Wild Angels fait suite à l’excellente Evangeline, qui nous avait permis de dresser un constat non-exhaustif de la bonne santé du dubstep et autres musiques périphériques anglaises. Wild Angels comme une référence directe aux Amériques et surtout à ses nouveaux producteurs urbains. Car si la superbe envolée ambient de Mark Pritchard (que beaucoup connaissent sous son pseudonyme warpien de Harmonic 313) annonçait une nouvelle compilation dubstep du meilleur cru, cette nouvelle sélection axe ses projecteurs quasi exclusivement sur la nouvelle scène « wonky » Américaine.
Si le terme « wonky » vous est inconnu, ne vous inquiétez pas : connu pour être la nouvelle micro-étiquette en vogue, le wonky est une nouvelle scène qui souffle tant le chaud que le froid dans les forums avisés. Et les détracteurs de ce genre nouveau, qui n’ont pas toujours tort, ont la tâche facile pour l’enflammer de toutes parts : il vous suffit d’imaginer un beat hip-hop qui marche sur une jambe, dont la tendance date du dernier album de Flying Lotus (bien aidé dans son inspiration par des increvables comme Madlib), rajoutez une couche de basses fréquences pour faire jeune et branché, une production souvent brumeuse et saupoudrez le tout de quelques sons un peu « 8-bit-du-couillon » et vous obtenez la parfaite wonky track. Ah non j’allais oublier : rappelez à tous que vous venez du pays de l’Oncle Sam et produisez-vous en famille, histoire de mieux coller à la scène dubstep sans perdre trop de crédibilité au passage.
Alors, en tant qu’affilié du mouvement dubstep, le wonky oscille entre l’Angleterre et les States par factions interposées, à tel point que ce wonky est finalement devenu un sous-genre du dubstep sans s’y identifier totalement. Et ils sont tous là, tous ceux qui font de cette scène ce qu’elle est : de l’imbuvable Hudson Mohawke à Floating Points, en passant par Nosaj Thing (et son très beau « Ioio »), Mike Slott, Mono/Poly ou encore Rustie. En termes médicaux, on appelle ça un parasite. Mais chez ce parasite, on trouve parfois de bonnes choses, surtout quand toutes ces pistes aux allures extrêmement fouillées (oui, on doit bien l’avouer malgré leurs atours un peu branleurs et académiques) se retrouvent aux côtés d’une volée de tubes dubstep tous plus dans le mouvement les uns que les autres. Architeq, Brackles (dont le travail sur Applepips, haut lieu du dubstep/techno, est essentiel), Gemmy (représentant unique de la vague dubstep/glam en l’absence de Joker ou Ginz) ou encore l’excellent « We Should Light A Fire » de Hyetal. Prenez en plus un remix V.I.P. putassier du bougre Starkey, une ritournelle electronica lyrique de Sunken Foal, une apparition du duo dubstep industriel Legion Of Two et vous vous rendrez compte que finalement ce Wild Angels tient bien debout, non plus droit et fier comme pouvaient l’être les deux premiers opus mais plutôt empreint de technologies vicieuses et furieusement mutantes.
Alors plusieurs possibilités s’offrent à vous en fonction de vos affinités respectives envers le dubstep ou le wonky, sachant que le dernier nommé prend une place considérable dans ce nouvel opus, à tout le moins dans l’orientation de celui-ci. Quoiqu’il en soit, Mary Anne Hobbs ne faiblit pas et s’impose une fois de plus comme une ambassadrice de choix : seul les temps changent, la formule et le flair, eux, restent intacts.