Marginal Spots
François Virot
Depuis quelques années, le petit monde du rap s'est fait une spécialité : attendre la toute fin de l'année pour sortir certains de ses plus gros projets. Rien que depuis le début de ce mois de décembre, on a eu droit à des albums de J. Cole, Kid Cudi, Post Malone ou encore Ab-Soul. Pour ceux qui ne suivent déjà plus, c'est un peu comme si Bon Iver, The xx, The National et Grizzly Bear décidaient de sortir leur nouveau disque juste avant les fêtes. Forcément, vu l'actuelle mainmise du hip-hop sur nos fils d'actualité et l'industrie musicale en 2016, cela laisse peu de place aux autres pour exister - surtout qu'à cette période, tout le monde a la tête dans les habituels classements de fin d'année.
Pourtant, chez Born Bad, on a décidé de terminer 2016 en beauté, en essayant de faire exister ce nouvel album de François Virot, génial homme à tout faire et figure de proue de l'indie français qui gagne - enfin pas vraiment des millions, plutôt des cœurs avec les doigts. Et si la seule idée de sortir maintenant ce disque peut sembler suicidaire d'un point de vue commercial, c'est sans compter sur les innombrables qualités de Marginal Spots, qui en font en fait le genre de truc un peu improbable et inattendu qui ébranle quelques certitudes au moment de sélectionner ses meilleurs disques de l'année écoulée dans la catégorie "rock indie".
En effet, si on manque encore un peu de recul pour juger des qualités véritables du nouvel album de celui qu'on l'on a encore croisé cette année chez Clara Clara, on se dit qu'un disque qui nous rentre aussi vite dans le crâne doit forcément être d'une qualité supérieure à la moyenne. À la quinzième écoute en 48 heures, on est même convaincu. Car c'est ça et rien d'autre Marginal Spots : 30 minutes d'une (power) pop faussement lo-fi et surtout terriblement efficace. Un disque à la simplicité revendiquée aussi, puisque François Virot l'a écrit face à son incapacité "à trouver un seul disque sans reverb, ni un groupe qui n’utilise pas de pédale chorus ou de bandes enregistrées en live". Cette approche légèrement contestataire mêlée à un talent évident à pondre de la pop song qui fait mouche sans avoir l'air d'y toucher, c'est ce qui fait de Marginal Spots un vrai disque de saison. Car, comme tout le monde, on est un peu au bout du rouleau et on a déjà le tube digestif qui se chie dessus alors que les festivités n'ont même pas encore commencé. En d'autres termes, on aurait bien envie d'en finir avec une année 2016 qui nous aura apporté son lot de merdes noires et de cuisantes désillusions. Et puis on se dit que c'est peut-être avec des disques comme Marginal Spots qu'on a envie d'un peu faire durer le plaisir, de voir les potes et de retrouver la foi en la race humaine. C'est sûr, c'est pas gagné, mais avec François Virot, y'a pas de raison qu'on y arrive pas. Merci mec, vraiment.