Luminescent Creatures
Ichiko Aoba

J’ai pas mal repoussé la chronique de cet album, tout simplement parce qu’il est irrémédiablement japonais. Ou plutôt parce que je ne me voyais pas dire grand-chose à part que sa beauté était intensément liée à l’origine de son autrice, ou du moins à cette manière de nourrir le fantasme de l’Européen moyen quand il s’agit de penser le Japon. Et puis je me suis dit que n’avais pas à avoir visité cette île deux cent fois pour parler de ses musiciens, que je n’avais pas l’ADN de Michel Leeb, et puis que, disons-le sans faire plus de mystère, Luminescent Creatures est un très bon disque. Je vais donc faire court et rapide : Ichiko Aoba est devenue une super star de la folk japonaise en quinze ans et sept albums et dispose aujourd’hui d’un statut qui l’a depuis pas mal de temps projetée en dehors de ses frontières. Jusque-là, rien de bien spécial.
L’autre information importante, c’est qu’à la seconde où Ichiko balance sa voix sur sa guitare, le monde se fait bien silencieux. D’ailleurs dire que Luminescent Creatures est un disque sensible et touchant tient de la bonne blague : il n’est que ça pendant trente-cinq minutes. À un niveau extrême. Ça en deviendrait presque caricatural - on ne va pas se mentir, ça l’est un peu - si Ichiko Aoba ne savait pas à ce point commander les éléments et transcender sa musique avec peu de choses. Voire presque rien : de la guitare dépouillée, des flûtes épiques, des petits pianos qui vont bien et des violons - on vous l’a dit, c’est quand même cliché – qui vont et viennent entre musique de chambre et folk traditionnel. Ichiko Aoba n’a qu’à aligner par-dessus sa voix d’elfe des bois, qui envoûte sans jamais donner l’impression de forcer, et le tour est joué, ça marche à tous les coups.
Cette chronique est affreusement lacunaire, ne raconte pas grand-chose à vrai dire et ne servira que comme une recommandation simple : allez écouter ce Luminescent Creatures, vous en saisirez la substance de manière immédiate, votre pression sanguine va se stabiliser en une seconde et il ne vous faudra pas une écoute complète pour tomber sous le charme. Ça marche le matin au petit-déjeuner, à midi en terrasse et le soir autour d’un repas. C’est presque chiant tellement c’est universel mais c’est trop bien fait pour qu’on puisse dire la moindre chose de négative à son propos. L’autoroute du calme et de la volupté.