Love Letters
Metronomy
Quand on regarde le foin qui a été fait autour de ce nouveau Metronomy, et l’engouement démentiel suscité par la seule annonce de ce quatrième album, on s’étonnerait presque du calme relatif qui règne sur la toile depuis la sortie de Love Letters. En effet, relation ténue entre revenus publicitaires et presse papier oblige, les habituels canards francophones n’ont pas manqué de souligner les nombreuses qualités du dernier bébé de Joseph Mount dans un concert de dithyrambes qui ne peut être considéré que comme douteux quand, sur la toile, les habituelles scribouillards et victimes de la mode sont plutôt taiseux. En même temps, le Net étant du genre à s’emballer pour des produits qui répondent aux habituels canons de la hype, l’actuelle quiétude peut aussi être considérée comme un signe positif, la preuve que Joseph Mount est un artiste qui évolue à son rythme, quitte à déplaire aux habituels prescripteurs de tendances. Alors, ce silence tout relatif, signe d’un raté monumental ou d’un disque osé ? Comme d’habitude, la réponse se situera entre ces deux postulats de base.
Si The English Rivieira et ses arguments rétro-pop des plus convaincants marquait déjà un pas vers plus de sobriété par rapport aux deux premiers albums du groupe, Love Letters affiche d’un bout à l’autre un minimalisme qui risque d’en décourager plus d’un – et qui s’accommode plutôt mal du songwriting mélancolique qu’a privilégié Joseph Mount sur ce nouvel album. C’est pourtant dommage, car cette nouvelle saillie de l’Anglais aurait dû permettre de faire exploser à la gueule du monde entier la talent d’un orfèvre pop dont on n’aurait jamais soupçonné le potentiel véritable lorsqu’il est apparu sur nos radars avec le foutraque Nights Out en 2008. Mais voilà, à vouloir trop bien faire, à vouloir trop bien chanter, à trop jouer la carte de la neurasthénie empreinte de coolitude, à trop vouloir regarder dans le rétroviseur, l'ami Joseph se prend les pieds dans moquette et accouche d’un disque pas bien joyeux (au propre comme au figuré) où les éclairs de génie sont trop souvent éclipsés par un groove fatigué, des compositions à l’économie de moyens foireuse ou une syntonie peu convaincante.
Pourtant, la preuve du talent de Joseph Mount, on la retrouve certainement dans cette envie de revenir invariablement vers le disque, d’en poursuivre perpétuellement l’exploration à la recherche de vertus insoupçonnées ou de dualités bien cachées, alors qu’il faut se rendre à l’évidence : loin d’être déshonorant ou absolument inutile, Love Letters est un demi-échec. Et pour un groupe de l’envergure de Metronomy, la chute est forcément d’autant plus douloureuse…