Love Kraft
Super Furry Animals
Parler de drôles de bestioles pour évoquer les Super Furry Animals relève moins du jeu de mot facile que de l’état de fait De brouillons punk en fulgurances pop, les insaisissables et prolifiques Gallois ont brillamment traversé la période d’agonie de la britpop pour se réinventer en faiseurs de merveilles psychédéliques à l’aube du XXIème siècle - leurs deux précédents disques, Rings Around The World et Phantom Power, menant assez logiquement au virage acoustique et mélodique de Love Kraft.
Après avoir brûlé ses costumes de yétis à la fin de la dernière tournée (les musiciens terminaient leurs concerts non pas à poil mais tout poilus), le groupe attaque sa deuxième décennie d’existence en se réinventant à nouveau, cette fois-ci en moines zens exilés sur de lointaines montagnes et vénérant les drôles de totems illustrés sur la pochette. D’où l’ambiance mélancolique de ce nouvel opus, à peine traversé d’un éclair de folie le temps du premier single "Lazer Beam", seul morceau vraiment évident du lot et candidat potentiel à un hypothétique Volume 2 de la compilation de singles Songbook. Car si l’effet de surprise a fini par s’estomper au fil des années - et en ce sens on ne peut pas en vouloir aux Gallois - Love Kraft apparaît néanmoins comme le premier disque en demi-teinte des Super Furry Animals.
Mieux arrangé et produit que composé, ce septième opus se laisse certes agréablement écouter mais ne laisse presque aucun souvenir, ne délivre presque aucune saveur. Ce n’est pas non plus une catastrophe ; "Frequency", "Zoom!" et "Cloudberries" font bien leur petit effet, mais on est loin de leurs addictifs prédécesseurs, ces "Golden Retriever", "Demons" ou "Bad Behaviour" que l’on fredonnait jusqu’au bout de la nuit. Une première faiblesse en dix années de bons et loyaux services ce n’est rien, mais espérons qu’il ne s’agisse là que d’un faux pas et non du début du déclin.