Lost Sleep
Last Step
Ce disque c’est d’abord et avant tout l’histoire d’un tweet sorti de nulle part : “I am suddenly in very serious financial trouble, if you’ve ever enjoyed my music, I badly need your help asap venetiansnares.bandcamp.com”. Une communication étonnante quand on sait que Venetian Snares a été la vache à lait historique de Planet Mu - même si on imagine sans mal que sa musique galvanise moins les foules qu’auparavant, malgré un bon dernier My Love Is A Bulldozer). Tout ceci en dit long sur l’état de décrépitude du marché du disque. Etonnante communication, donc, d’autant plus si on prend la peine de se pencher un peu sur la bête et sur ses récentes déclarations. Notamment celles qui le voyait s’étendre longuement pour Fact sur son indépendance artistique, son apparente haine du public et de la critique et son obligation de continuer à sortir des disques pour survivre. Apparemment cela ne suffit plus, et c’est bien inquiétant.
Si on laissera chacun libre de penser ce qu’il veut de la démarche, et elle pose pas mal de questions, on se retrouve aujourd’hui avec un quatrième album de Last Step, pseudonyme acid-house du Canadien, tiré des sessions entourant la composition de Sleep en 2012. Un produit d’appel sensé ouvrir la voie d’une redécouverte de la discographie d’Aaron Funk avec, qui sait, l’achat de l’une ou l’autre sortie de cette œuvre foisonnante.
De nouveau, on ne s’épanchera pas plus longuement sur la validité des motifs qui justifient cette opération de crowdfunding un peu désepérée, on constatera juste que Lost Sleep est de grande qualité, et que cela nous suffit à vous rencarder sur cet objet. Trente minutes d’acid house analogique de très haute facture, enregistrée dans des conditions live et logiquement très proche de ce qu’on a pu entendre sur les Analords d’AFX. Un produit funky, entièrement acid et admirablement vieilli, toujours ludique et qui joue les ascenseurs émotionnels avec une efficacité simpliste. Lost Sleep est ce genre de disque banalement joué en apparence, sans véritables feux d’artifices, qui se déroule sans accroc mais qui se réécoute sans fin. Comme un plat dont on connait le goût par cœur, mais dont on a toujours du mal à appréhender les secrets de la recette.