Long Black Cars

The Wave Pictures

Moshi Moshi – 2012
par Jeff, le 10 avril 2012
8

Quand on évoque le nom de Moshi Moshi, on pense tout de suite à ces nombreux aimants à hype qui sont un jour passés par la structure londonienne pour y déposer un single ou un album : Hot Chip, Friendly Fires, Lykke Li ou Hercules & Love Affair. Et au beau milieu de ce bal à buzz, on retrouve les mecs de The Wave Pictures, soit ce que l’antifolk british a produit de meilleur ces dix dernières années, à égalité avec Hefner. Fidèle à la structure depuis ses débuts, la triplette du Leicesteirshire lui offre son quatrième album – un chiffre qui ne tient pas compte des nombreuses sorties pour des labels plus confidentiels. Et si on peut penser que The Wave Pictures font légèrement tache dans l’effectif bigarré de Moshi Moshi, quelques écoutes seulement de Long Black Cars suffisent à comprendre pourquoi le label anglais ne veut pas se séparer de ce diamant brut. En effet, si le groupe ne cherche pas la gloriole ou la couverture du NME, il peut se targuer de nous avoir pondu une discographie d’une cohérence rare qui ne connaît pas le sens des mots « faux pas » ou « faute de goût ».

Groupe d’autant plus indispensable depuis le départ d’André d’Herman Düne (et la quasi mort clinique du groupe qui s’en est suivie), The Wave Pictures font une fois de plus l’étalage de tout leur talent de composition sur les douze pistes de Long Black Cars. En même temps, l’affaire pourrait vite être pliée si cette chronique ne s’adressait qu’aux fans inconditionnels du groupe : ceux-ci se retrouveront rapidement en terrain connu, trop heureux de pouvoir s’enfiler ces compositions où un anti-folk dopé à la pop et à la country se laisse porter par la voix génialement banale d’un David Tattersall se lançant dans des  réflexions douces-amères sur les relations humaines.  Mais plus on écoute Long Black Cars, plus on comprend que cette description devrait également suffire à ceux qui découvrent le groupe. Car The Wave Pictures, ce n’est pas le groupe qui nécessite de longues introductions ou un post-doc en histoire de la musique pour en saisir les intentions. C’est même tout le contraire.

Face à une musique d’une telle limpidité et vectrice d’émotions d’une banale mais magnifique simplicité, il n’y a pas grand chose à faire, si ce n’est subir le disque, s’en imprégner sans trop chercher à comprendre pourquoi des titres comme « Spaghetti », « Stay Here and Take Care of the Chickens » ou « Cut Them Down In Passes » vous trottent inlassablement dans la caboche, même plusieurs jours après avoir écouté le disque pour la dernière fois. Alors The Wave Pictures, un groupe indispensable ? La trompeuse banalité du produit offert pourrait nous pousser à répondre par la négative. Mais bon, ça arrive à tout le monde de raconter des conneries aussi.