Loathing & The Noose
Faithxtractor

Faithxtractor est un de ces innombrables groupes de death ou de black metal servant de chair à canon pour l’énorme production de no-brainers sur des labels au nom aussi explicite que Hells Headbangers. Des disques qui n’abordent le metal que par son côté brut, sataniste à la limite du socialement acceptable (comprenez qui voue parfois une certaine admiration à un peintre à moustache autrichien) et stagnant au possible. Ce que les sachants appellent le kvlt, et qui permet, à échéance régulière, d’écouter des musiques extrêmes souvent sans grande originalité, mais extrêmement fidèles aux cahiers des charges les plus rigoristes. J’étais donc parti pour un tout droit absolument nihiliste, et c’est là que je découvre que l’entité construite autour du seul Ash Thomas réalise aujourd’hui des disques de qualité, variés, atmosphériques, sur un label aussi classe que Redefining Darkness.
De l’héritage Hells Headbangers, Faithxtractor garde son sens inné de l’agression permanente. Et ce sera bien nécessaire pour maintenir toute la tension de ce Loathing & The Noose qui démarre au quart de tour. Même si on comprend tout de suite que des inflexions thrash apporteront un peu de variété, les trois premiers morceaux tapent assez dur, dans une veine à la Deicide bas du front. Et puis arrive « Flooded Tombs » qui décide d’ouvrir l’album à quelque chose d’autrement plus narratif. Le rush death metal prend fin de manière abrupte pour tomber dans une abîme funeral doom le temps d’un break tristounet. Vous n’avez rien vu mais une chose est sûre : derrière ça pilonne à nouveau comme en 14.
Qui, quoi, comment ? À quel moment ? C’est la science de ce Faithxtractor nouveau, qui amène son jeu à un niveau d’écriture qui lui permet de tout faire. Un disque de death metal oldschool puissant et dominateur? Tout le temps. De black ? Par touches « subtiles ». De doom noir ? Juste quand il faut que ça respire un peu. Si on se régale devant l’étalage effectué sur « Ethos Moribund » ou « Caveats », ce « Cerecloth Vision Veil » en clôture d’album est la synthèse de tout ce que Faithxtractor a à offrir en 2025 : une musique incroyablement équilibrée, qui touche à beaucoup de choses sans jamais perdre en consistance, en rage et en substance. Une fois terminé, ce Loathing & The Noose continue de résonner dans l’air, reste bien dans les oreilles avec l’envie d’y revenir et d’y découvrir chaque fois de nouvelles choses. Simplement complexe comme on aime bien ici.