Live At Robert Johnson 6
Arto Mwambé
En cette heure de désacralisation totale de la sélection mixée payante (on ne vous refera plus le coup d'expliquer l'influence des blogs et autres podcasts), il est agréable d'avoir face à soi un interlocuteur aussi pertinent que l'institution Live At Robert Johnson. Club référence de Francfort qui a fini par muter en label, le Robert Johnson, à l'instar de la Fabric ou du Berghain, a réussi à créer le pont la chambre de l'auditeur et ses sorties nocturnes. En découle une passionnante liste de sessions mixées, qui tape toujours dans les producteurs dotés de grands univers musicaux – Prins Thomas, Ivan Smagghe, Chloé, Roman Flügel ou encore le duo Thomas Hamman/Gerd Janson. Aucune attache particulière avec la hype donc.
Preuve supplémentaire de cette noblesse logistique, le sixième volume de la série se paie le luxe de présenter Arto Mwambé, véritable joker de l'industrie francfortoise de la house. Mieux, le duo prend le contre-pied de la tendance actuelle en présentant une sélection exclusivement composée de ses propres productions. Exit donc le travail quasi sacré de sélection des titres, le dj est ici intégralement remplacé par le producteur. Et là aussi la logique est respectée : Phillip Lauer aux claviers et Chris Beisswenger à la TR-808. On n'est pas là pour rire. Mais il faut bien le dire, on retire de ce live de grandes choses. Tout d'abord la musique d'Arto Mwambé respire la classe deep-house à des kilomètres : on est dans ce que des labels comme Innervisions ou des producteurs comme Âme, Dixon, Henrik Schwarz ou Marcus Worgull savent faire de mieux, à savoir une house qui ne se refuse aucun clavier, aucun escalator cosmique.
Toute la science du duo réside dans la simplicité et la modestie de ses compositions. A l'écoute de ce Live At Robert Johnson, tout semble évident et rien ne se met entre l'effort de composition et l'auditeur. L'osmose est donc immédiate et l'auditeur peut réellement se laisser toucher par cette grande musique house teintée de disco. Le disque respire bien, c'est aussi frais qu'engagé et l'extrême cohérence de l'ensemble est assez facile à encaisser après quelques écoutes. Ce n'est au final que justice rendue à cette musique, simple, mais extrêmement difficile à jouer de manière simple. C'est peut-être là le lot des grands, jouer sur le cœur même de cette musique, mettant de côté les effets de manche pour atteindre ce qui fait réellement de la house l'une des plus grandes musiques qui soit, la passion. Et pour le coup, c'est plutôt réussi.