Lipstick Traces
Manic Street Preachers
Difficile de parler des Manic Street Preachers sans enclencher les foudres des fans les plus ardents. En Grande Bretagne tout du moins, car en France les adorateurs de ce groupe singulier se font assez rares, alors que, de l’autre côté de la Manche, le quartet, réduit à trois depuis la disparition de Richey James Edwards en 1995, jouit d’un culte absolument phénoménal.
C’est dire que la sortie en France de Lipstick Traces, si peu sobrement sous-titré A Secret History of Manic Street Preachers, ne fera l’objet d’aucune publicité, quand il est accueilli comme le messie par une horde de fans britanniques. Car, en attendant un hypothétique nouvel album, et après la sortie l’an dernier de Forever Delayed, leur best of, les Manics vident les fonds de tiroir avec cette compilation de deux disques, l’un contenant nombre de titres rares voire inédits, et l’autre étant composé de diverses reprises.
Si les Manic Street Preachers sont souvent haïs pour leur esthétisme grandiloquent et leur message politique peut-être un peu naïf (cf. "Socialist Serenade"), force est de constater qu’ils ont toujours produit d’excellentes faces B, un peu à la manière de Blur, ce qui fait du premier des deux disques une sorte d’album à part entière d’excellent niveau, dans la grande tradition de leurs précédents opus. Ainsi, avec certains morceaux comme "Comfort Comes" ou "Jugde Yr’self", la bande de James Dean Bradfield pourrait largement donner une bonne leçon de rock’n’roll à tous ces nouveaux groupes en "The" qui pullulent actuellement, tandis que leur sens des mélodies pop frappe avec vigueur sur "Bored out of my Mind".
Le second disque, quant à lui, réserve d’excellentes surprises. Les Manics parviennent en effet à transfigurer certaines chansons que l’on classerait plutôt a priori dans la varièt’, comme ce "Can’t take my eyes of you" de fort bonne tenue, ou encore le surpuissant "Last Christmas" de… Wham!, qu'on pourra enfin reprendre en sifflotant sans honte ni peur d'être jugé.
Définitivement un grand groupe malheureusement trop méconnu, les Manic Street Preachers ne méritent sans doute pas le sort qui leur est réservé en France, mais on ne refera pas l’histoire. Une double compil à réserver en priorité aux fans ou aux curieux de nature qui veulent goûter au meilleur de la pop britannique.