Liminal

The Acid

Infectious Music – 2014
par Yann, le 22 juillet 2014
8

Les premiers signes étaient encourageants : un premier EP dans l'air du temps, un clip plutôt sympa, un casting rassurant et un premier concert maîtrisé. Mais on sait combien le cap du premier album n'est pas sans danger, même lorsque les attentes ne sont pas encore trop hautes. Pour The Acid, elles sont dépassées de belle manière avec un premier disque simple et classe, à la fois facile d'accès sans être complètement anodin.

Si vous aviez manqué les épisodes précédents, The Acid est un groupe composé de RY X, Adam Freeland et Steve Nelapa, des jeunes gens qui s'en sortent dans le "music biz" sans pour autant recevoir la bénédiction du grand public ou des connaisseurs grincheux que nous sommes. Cela pourrait changer avec leur premier disque en commun. Ils ne partaient pas nécessairement gagnants en s'orientant vers le créneau plutôt embouteillé du R'n'B 2.0 et autres post-quelque-chose. C'est qu'on en est revenu, de James Blake et tout ceux qui ont tenté de l'imiter. Ils s'en sortent en jouant la carte du dépouillement.

Ce qui compte dans ce disque, ce sont ses silences. Difficile de l'apprécier en voiture ou dans un environnement bruyant: les arrangements sont discrets, et la voix est très sobre (sans pour autant manquer d'intérêt, notamment grâce à un traitement électronique original assez réussi, également bien retranscrit en live). On est aussi face à une musique de boucles qu'on appréciera plus pour l'ambiance retranscrite que pour la composition, même si certains titres comme "Fame" ou "Tumbling Lights" sont plus développés à ce niveau. A l'écoute, ce disque s'avère bien moins tourné vers cette nouvelle vague R'n'B que vers la pop traditionnelle, bien que l'interprétation soul et l'instrumentation électronique nous y fait penser au premier abord. On découvre ici un prétendant au trône de The XX, plus que à celui de The Weeknd

Evidemment, tous ces éléments limitent la portée de l'ensemble. Vu les moyens réduits, on voit mal ce disque survivre plus qu'une saison. Une fois les morceaux bien dans la tête, on finit par entendre bien plus ce qu'il manque que ce qu'il y a. Qu'importe néanmoins, parce qu'en attendant que ce moment arrive, on peut profiter de morceaux aux ambiances vénéneuses ("Creeper") ou sensuelles ("Fame"), parfois inspirés de la pop indie ("Basic Instinct", "Ra") et d'autres fois plus proches de l'électro ("Ghost"). Cela peut sembler un peu fourre-tout, il n'en est rien car la cohérence sonore est bien présente. Tout ne se vaut pas, mais on ne trouve aucun morceau réellement honteux. Un album tout à fait solide qui pourrait figurer dans les tops de 2014 (ou les manquer de peu).

Le goût des autres :
8 Denis