Life in Slow Motion

David Gray

WEA – 2005
par Splinter, le 3 décembre 2005
5

Il y a quelque temps, nous vous avons présenté le dernier album de Starsailor, petit groupe transparent et inoffensif mais finalement assez attachant. Apparemment, les seconds couteaux sont de sortie en cette fin d’année, puisque David Gray vient lui aussi de publier un nouvel album dans l’indifférence quasi générale. Mais ce disque, qui pourrait largement et légitimement passer inaperçu, parvient malgré tout à capter (un peu) l’attention.

Vétéran de la pop/folk britannique depuis plus de dix ans, David Gray n’a jamais complètement réussi à émerger, que ce soit en France ou même dans son pays d’origine. A l’exception notable de White Ladder, sorti en 2000 et vendu tout de même à six millions d’exemplaires dans le monde, tous ses autres albums sont restés assez confidentiels. Notre ami vivote donc depuis des années dans l’ombre de pointures comme Bob Dylan, Tom McRae, voire Coldplay. Il était temps que les choses changent pour ce presque quadragénaire, qui semble s’être enfin donné les moyens de la reconnaissance qu’il mérite.

Life in Slow Motion, son déjà septième album, a manifestement bénéficié de moyens importants. La production, assurée par le très professionnel Marcus De Vries (Björk, David Bowie, Rufus Wainwright…), est ainsi particulièrement léchée. Le revers de la médaille, et le gros problème de l’album, c’est qu’elle l’est sans doute trop. Alors que les textes très bien écrits fouillent les tréfonds de l’intimité de leur auteur et s’avèrent très proches de ce qu’a pu faire Tom McRae par le passé, la mise en musique apparaît en grand décalage : les chœurs, les cordes et les vocalises de Gray agrémentent ce disque jusqu’à l’indigestion ou presque, alors qu’un plus grand dépouillement aurait sans doute été préférable, en tout cas plus approprié.

Heureusement, la grandiloquence des arrangements ne parvient pas à masquer les véritables efforts mélodiques du Sieur Gray. Le disque vaut ainsi pour l’essentiel pour deux ou trois titres vraiment excellents qui rattrapent le tout : "From Here You can Almost see the Sea", très belle et sobre, d’une part, "Hospital Food", pourtant surjouée mais très efficace, d’autre part, et enfin "Disappearing World", avec son magnifique début au piano (la fin apparaissant ici encore totalement déplacée).

Au bout du compte, cet album ne permettra sans doute pas à David Gray d’atteindre le statut qui semble pourtant lui revenir de droit. La faute à une production maladroite et emphatique qui destine cet album avant tout aux auditeurs de RFM ou aux petits indies un peu fleur bleue et qui n’ont pas honte d’aimer les grosses sucreries (il en faut aussi !). Toujours est-il que ce Life in Slow Motion devrait permettre d’oublier le semi-échec du dernier album de Tom McRae en lui étant un brin supérieur.