Let Live & Let Ghosts
Jukebox The Ghost
Alors que Jukebox The Ghost est en plein enregistrement de son nouvel album, prévu pour cet été, voilà seulement que sort Let Live & Let Ghosts, galette sortie outre-Atlantique en avril... 2008! Quand on voit avec quelle rapidité un groupe atteint sa date de péremption en 2010, on se doit de féliciter les labels européens qui ont fait le pari pour le moins risqué de sortir le premier album de ce groupe originaire de Washington D.C., mais aujourd'hui basé à Philadelphie.
Certes, Jukebox The Ghost a accompagné le trublion Adam Green lors de sa récente tournée européenne, mais de là penser qu'une vingtaine de dates dans des salles de taille moyenne devant – au mieux – quelques centaines de personnes d'avantage préoccupées par leur godet de bière que par ce qui se passe sur scène ont fait pencher la balance, il y a de la marge. Par contre, si ceux-ci se sont dit que vu l'incapacité d'un certain Ben Folds à nous livrer un album digne de ce nom ou de survoler l'océan pour se produire en Europe il y avait peut-être un marché à prendre sur notre bon Vieux Continent, on comprend tout de suite mieux le pourquoi du comment de la sortie européenne complètement inattendue de Let Live & Let Ghosts.
En effet, si des disques comme Whatever and Ever Amen et The Unauthorized Biography of Reinhold Messner occupent une place spéciale dans votre coeur et votre discographie personnelle, Jukebox The Ghost est clairement un groupe fait pour vous! Comme Ben Folds Five en son temps, Jukebox The Ghost est un trio batterie/guitare/piano au sein duquel ce dernier instrument joue un rôle prépondérant. Et comme Ben Folds Five, le groupe prend un malin plaisir à s'aventurer sur le terrain d'une pop somme toute classique et intemporelle, portée à bout de bras par un piano qui permet aux compositions du groupe d'exister. Confronté à un tel exercice de mimétisme, il convient évidemment de poser la question de l'utilité de ce Let Live & Let Ghosts. La réponse à cette question, on l'avait déjà trouvée dans le Freedom Wind des Americains de The Explorers Club, qui semblaient bien décidés à nous sortir un Pet Sounds bis: à partir du moment où un groupe s'offre à nous avec suffisamment de compositions solides et sincères, il en devient impossible de crier à l'imposture. Dans le cas de Jukebox The Ghost, des titres comme « Beady Eyes On The Horizon » et son final au galop ou la ballade à tiroirs multiples « Static » devraient convaincre les plus méfiants d'entre vous sans trop de difficultés.
Et puis bon, si l'on veut être vraiment exacts, on décèle également chez Jukebox The Ghost des pincées de Supergrass, de Queen ou de Guillemots, ce qui nous donne une excuse de plus pour ne pas sombrer dans la comparaison trop facile et empreinte d'une certaine méchanceté. Ceci étant, on ne peut également s'empêcher de penser que si le groupe s'appuyait un peu moins sur ses références pour accoucher d'une musique qui lui ressemble vraiment, on pourrait se retrouver avec entre les mains un objet particulièrement intéressant. La bonne nouvelle, c'est qu'il ne faudra pas bien longtemps avant d'être fixé sur ses intentions...