Les voiles

Granville

East West – 2013
par Jeff, le 28 janvier 2013
7

Lorsqu’il y a maintenant un an l’équipe a décidé de contacter Granville pour voir si participer à l’aventure Jeunes Pousses pouvait intéresser le groupe, on croyait forcément dur comme fer en son potentiel – logique vous allez nous dire. Et si on ne doutait pas un instant que ces jeunes-là finiraient bien par percer, on doit avouer qu’on n’imaginait pas les voir arriver aussi rapidement sur une major – East West Records en l’occurrence, structure dans le giron du poids lourd Warner Music. A une époque où les grands labels disent passer un sale quart d’heure et optent pour la sécurité (voire la frilosité), on s’étonne un peu de voir les Normands bénéficier de la force de frappe qui accompagne forcément une telle signature.

Etonnement donc, car Granville, c’est le genre de pop principalement faite les gonzesses à grandes lunettes qui adorent faire des cupcakes, les mecs qui passent leur vie sur Instagram, les kids qui idolâtrent la reine du ‘quirky’ Zoey Deschannel et, plus globalement parlant, toute la frange pop retro-référencée de la galaxie hipster francophone.  Bref, plutôt le genre de groupe dont le premier album débarque, au mieux sur un petit indé, au pire se vend à trois exemplaires sur Bandcamp. Mais voilà, avec un disque comme Les voiles, on se dit que c’est aussi cela l’utilité des grands labels : ne pas se borner à piller les indés une fois le travail de formation terminé et pousser des jeunes groupes dès l’entame de leur carrière.

En même temps, avec un album comme celui-ci, on peut raisonnablement penser que Granville va vite trouver son public, en profitant au passage pour se le mettre dans la poche évidemment. Car il se dégage de ce mélange de vieille pop à la française (les yéyé et tout ça) et de rock indé à la ricaine (Dum Dum Girls, Best Coast et tout ça) une charme aussi suranné qu’instantané. Douze titres courts, qui chantent tous avec une ingénuité qui va autant plaire qu’exaspérer les choses simples d’une vie que l’on ne vit plus vraiment en 2013. Un peu à l’image de ces blockbusters hollywoodiens dont on connaît déjà la fin après environ 17 minutes, Les voiles est un disque qui n’offre pas la moindre surprise une fois estompé le sentiment un peu bizarre de se retrouver face à cette musique en total décalage avec son époque, chantée en français et dégageant un très fort parfum de sépia. Mais la bonne nouvelle dans tout cela, c'est que le film concocté par Granville, comme pas mal de ces films américains, il se termine sur un happy end.

Le goût des autres :
5 Denis 6 Julien L 5 Maxime