Leaving The Nest
Benjy Ferree
On sait qu’ils sont nombreux les artistes qui se revendiquent de l’influence de Will Oldham. La plupart citent évidemment en référence les disques qu’il a enregistrés sous son propre nom ou sous l’un de ses alias. Toutefois, rares sont ceux qui reconnaissent avoir été amenés à enregistrer un disque après l’avoir découvert dans un de ses films. Pourtant, c’est bien après avoir vu Will Oldham dans Matewan - un obscur film de John Sayles - que Benjy Ferree, un jeune gars de Virginie-Occidentale, décide de migrer vers Hollywood pour tenter sa chance en tant qu’acteur. Frustré par une série d’expériences malheureuses, il retourne sur ses terres natales. Et c’est alors qu’il travaille comme serveur dans un bar de Washington qu’il se lie d’amitié avec Brendan Canty - qui n’est autre que le batteur de Fugazi. C’est notamment lui qui va encourager Benjy Ferree à se consacrer aux chansons qu’il écrivait jusque là pour son plaisir et finira par s’occuper du mixage et de l’enregistrement de cet album qui ressort sur Domino dix-huit mois après avoir atterri dans les bacs de certains disquaires particulièrement bien informés sous la forme d’un EP de six titres.
Une fois de plus, comment ne pas féliciter Domino qui, comme ils l’avaient déjà fait à l’époque pour les Sons and Daughters, donnent à des artistes ignorés et pourtant pétris de talent toute la visibilité qu’ils méritent. Car on risque fort de parler de Benjy Ferree et des dix perles que compte Leaving the Nest dans les mois à venir. En effet, cet album enchaîne avec une stupéfiante aisance des compositions retraçant des décennies de musique principalement américaine. Alternant entre titres légers respirant une simplicité d’écriture pop que ne renierait pas un Paul McCartney (les magnifiques « In the Countryside » et « The Desert »), ballades surannées (« Private Honeymoon ») ou imprégnées de ce folk bohème si cher à Devendra Banhart (« A Little At A Time ») et compositions rugueuses faisant penser à une version édulcorée des White Stripes (« Dogkillers ! » ou « Hollywood Sign »), Benjy Ferree nous montre toute l’étendue de son talent sur un album qui ne laisse pas la place au déchet. Bien aidé par des arrangements omniprésents (chœurs, violoncelle, banjo ou harmonica) mais jamais envahissants et une production tout en douceur qui rend les titres de Benjy Ferree terriblement attachants, Leaving the Nest est un disque en tous points réussis qui fait déjà office de prétendant à une bonne place dans les classements de fin d'année 2007!