Leap Second

Okie Rosette

Monotreme – 2008
par Jeff, le 14 février 2009
8

N'importe quel rédacteur vous le dira: la période décembre/janvier est généralement synonyme de calme plat, peu de disques atterrissant dans des boîtes aux lettres d'habitude généreusement fleuries. C'est alors le moment rêvé pour mettre un peu d'ordre dans la pile souvent importante de disques relégués au second plan pour tout une série de raisons (manque de temps ou d'intérêt, pochette hideuse, idées préconçues et j'en passe). Évidemment, cet exercice de nettoyage par le vide réserve à son auteur son lot de réactions indifférentes, de moues désabusées, mais également d'agréables surprises. J'en veux pour preuve cet album de Okie Rosette, sorti il y a plusieurs mois sur Monotreme Records – une structure qui héberge notamment 65daysofstatic, Thee More Shallows ou Barzin.

Si le nom du groupe semble sorti de nulle part, il faut savoir que son cerveau n'est pas un inconnu. Pendant une dizaine d'années, Felix Costanza a tirer les rênes de Granfaloon Bus, un groupe qui a définitivement mis la clé sous le paillasson en 2003 après avoir sorti pas moins de huit albums passés pour la plupart inaperçus. Ainsi, après ce long hiatus, notre homme refait enfin surface avec ce premier album sous le nom d'Okie Rosette, avec pour complices ses deux ex-comparses au sein de Granfaloon Bus, mais aussi Jeff Stevenson et Ajax Green ainsi que Carrie Bradley (une ex-Breeders) - le tout étant produit par Dee Kessler de Thee More Shallows. Vu le caractère des plus confidentiels de la formation de San Fransisco, on ne peut pas dire que ce Leap Second était attendu avec impatience, ce qui rend probablement la surprise encore plus belle.

Au regard du peu de couverture dont bénéficie le groupe, on pourrait penser qu'il officie dans un registre qui n'attire pas vraiment les foules. Pourtant, Leap Second est à ma grande surprise un album de folk comme il en sort des centaines par année, et qu'on pourrait facilement classer dans le même bac que le I'm Wide Awake It's Morning de Bright Eyes. En effet, à l'instar de Conor Oberst, qui devait d'ailleurs encore jouer aux G.I. Joe quand Granfaloon Bus sortait son premier disque, Costanza aimer poser son trémolo chevrotant sur des compositions à l'ossature classique et aux arrangements certes prévisibles (violon, piano, harmonica ou slide guitar) mais toujours judicieusement dosés. Pourtant, à l'écoute de ces onze compositions impeccablement interprétées, on en arrive à se demander comment le petit prodige du Nebraska parvient à capter l'attention des médias au moindre pet alors que le pauvre Costanza peine à trouver des webzines pour pondre des papiers sur sa dernière réalisation. Car à l'évidence, ce disque mérite bien mieux qu'une honteuse vague d'indifférence tant il parvient à mélanger simplicité de l'écriture et justesse de l'interprétation sur chacun des onze titres qui le composent. En espérant que cette chronique sur Goûte Mes Disques puissent en entraîner d'autres.