Law
Cougar
Quelle est la besogne d’un chroniqueur musical ? Elle consiste avant tout à mettre des mots sur ce qu’il écoute. Même si la subjectivité prime, le but avoué n’est-il pas de traduire au mieux les émotions ressenties face à telle ou telle production ? Cette tâche s’avère parfois plus délicate que prévu. En effet, il n’est pas rare d’avoir du mal à communiquer ce que l’on ressent ou encore à décrire ce qu’il se passe. Même si on trouve le groupe tout simplement étonnant, il peut être difficile de traduire les notes en lettres au point que l’obstacle puisse paraître insurmontable. Pourtant, à y réfléchir, la musique n’est qu’une addition plus ou moins subtile d’instruments.
A cet égard, la confrontation avec Law se limite à deux guitares, une basse, des percussions et un soupçon d’électronique. Et pourtant, cet album est tellement jubilatoire que les mots m’échappent. Bien sûr, les plus terre-à-terre me diront que cela s’appelle du post-rock alors que le groupe qualifie sa musique d’"emergency rock". Une question de vocabulaire sur laquelle je ne m’attarderai pas davantage. En effet, un groupe comme Cougar dépasse l’entendement avec une musique qui navigue dans les hautes sphères de notre subconscient.
Dès "Atlatl", on situe vaguement où le groupe veut en venir. Pourquoi, donc, est-ce si flou ? Tout simplement car Cougar prend un malin plaisir à jouer avec nous, un peu à l’image d’un félin s’amusant avec sa proie une fois celle-ci capturée. Concrètement, ces fauves du Wisconsin voient la musique comme un patchwork de mélodies qui bourlinguent dans toutes les directions mais avec, néanmoins, ce besoin constant d’interaction. Ainsi, les morceaux sont de véritables canevas d’atmosphères perpétuellement changeantes dont la prégnance côtoie la grandiloquence. Alternant entre des plages de cinq minutes et de moins d’une minute, Law rejoint sur l’autel de l’improvisation un groupe de la trempe de Super Numeri, ce dernier étant sans doute plus difficile d’accès, alors qu'à l'horizon pointe l'ombre de Tortoise. Bien que les morceaux les plus courts ne semblent être là qu'en guise d'introduction, les longues plages instrumentales, elles, nous balancent entre un goût pour la mélodie ciselée et une rythmique digne des plus puissantes secousses telluriques. Si 2006 est, pour les Chinois, synonyme d’année du chien, celle-ci risque fort d’être pour moi l'année du Cougar. A bon entendeur, ne lisez plus les horoscopes et écoutez cet album.