Last Night on Earth
Noah & the Whale
Ce qui est absolument génial avec Noah & the Whale, c'est qu'il est très simple de se faire une petite idée de la santé mentale de son cerveau Charlie Fink. En effet, c'est devenu une constante chez les jeunes Anglais: chaque réalisation du groupe se révèle être le miroir parfait des émotions de son singer/songwriter de leader. Ainsi, après un premier album plein de joie et d'entrain qui reflétait ses amourettes avec la folkeuse Laura Marling, à l'époque membre à part entière de la formation, les Londoniens ont enchaîné avec The Last Days of Spring, album sombre, poétique et ambitieux qui faisait état en long, en large et en travers de la séparation de nos deux tourtereaux – suite à quoi Marling a entamé une brillante carrière en solo. Sur Last Night On Earth, on retrouve non sans un certain plaisir un Charlie Fink requinqué et ayant visiblement fait son deuil. Mais quels que soient les états d'âme du bonhomme, ce que l'on aime chez Noah & the Whale, c'est cette capacité à constamment afficher un niveau de qualité exceptionnel.
Ainsi, tandis que les deux premiers efforts avaient permis au groupe de s'attirer une belle reconnaissance critique, on les sent désormais prêts à séduire les masses avec leur pop-folk en apparence inoffensive mais efficacement ficelée. En effet, en optant pour un format court (10 titres pour une bonne trentaine de minutes seulement), une écriture tout en légèreté et des sonorités qui s'éloignent de l'anti-folk bancal ou de la pop savamment orchestrée pour lorgner du côté d'une pop aux légers accents 80's telle que pratiquée avec brio par les sous-estimés Mystery jets , Charlie Fink semble vouloir se payer sa part de gâteau médiatique. Et franchement, avec des compositions de ce niveau-là, on ne peut ni lui en vouloir ni l'en empêcher. De fait, le premier single tiré de l'album, l'ultra efficace "L.I.F.E.G.O.E.S.O.N.", s'est déjà fait une place au soleil avec son refrain que l'on aimerait scander s'il n'était pas aussi imprononçable. Et l'autre bonne nouvelle, c'est que nombre d'autres titres figurant sur Last Night On Earth pourraient bien subir le même sort, à l'image de "Tonight's The Kind of Night" et ses relents Springsteeniens ou la délicate ballade "Wild Thing".
Certes, d'aucuns ne manqueront pas de critiquer ce virage mainstream opéré par Noah & the Whale. Ceci étant, derrière ce vernis « pop FM » se cachent un vrai travail de composition et une vision musicale particulièrement pertinente qui prend tout son sens quand on l'étudie à l'aune du reste de la discographie du groupe. Et sur ce point, celui qui pourra prendre la troupe de Charlie Fink en défaut n'est pas encore né. Respect, tout simplement.