Lasers'N'Shit
Syntheme
Les rumeurs ne cessent de courir quant à la véritable identité de Syntheme : certains évoquent d’emblée un nouveau pseudo à mettre pour le compte de l’infatigable Richard D.James alors que d’autres, plus audacieux encore, ont balancé un improbable side-project de la chanteuse Björk. On se contentera chez Goutemesdisques de s’en tenir à la version officielle, qui veut que Syntheme soit une jolie princesse répondant au doux nom de Louise Wood, officiant derrière les claviers depuis Brighton. Finalement son identité n’a que peu d’importance à bien regarder la marque de fabrique imprimée sur ce Lasers’N’Shit décadent. Car si certains avaient pu oublier l’implication de l’excellent label Planet Mu (notamment avec les récents efforts d’iTAL tEK, Sunken Foal, Starkey,...) au cœur de l’industrie acid, Syntheme est là pour vous rappeler les bienfaits procurés par une bonne douche d’acid house.
En réalité, Lasers’N’Shit n’annonce du neuf que dans une mesure toute relative, et ceci pour deux raisons. La première est que cet album n’est en fait que la réunion d’une grosse dizaine de titres parus sur trois vinyles entre juin 2007 et février 2009, le tout agrémenté d’une poignée de titres supplémentaires pour clôturer sur un total de vingt pistes. La deuxième n’est qu’un constat historique qui fait mal : l’acid house a déjà bien vécu, et les tentatives de faire renaître ce genre désuet se sont souvent soldées par des échecs cuisants. Et malgré cette évidence, Syntheme continue de balancer ses rythmes sucrés avec la même ferveur qu’auparavant, comme si rien n’avait évolué depuis ces vingt dernières années.
Constamment le pied sur la TB-303, l’Anglaise n’a que ce mot à la bouche, et quels que soient les moyens empruntés, celle-ci parvient toujours à imposer ses ritournelles acid à un auditeur à première vue dubitatif. Une cohérence mélodique qui ne l’empêche pas de piocher dans une multitude de genres musicaux prompts à se voir transformés en machinations fluos : new beat, techno, funk et disco sont donc passés au crible des synthés vintage pour mieux servir les claviers décomplexés de Louise Wood. Directes et assumées, ces virées acid ne font pas dans la demi-mesure et s’imposent avec un son puissant, rondouillard et bien éculé, ressortant les vieilles rengaines du genre sans se soucier de la redite éventuelle. Lasers’N’Shit est un disque parfois trop long, qui compte dans ses moments de creux sur une poignée d’hymnes tubesques (« Csiris », « Mimtro », « FabaceaeCPae », « Hard » ou encore « Electro Reading ») pour faire passer la pilule sans que l’auditeur ne la trouve trop amère.
Syntheme n’invente rien et assume en souriant - son amour pour l’acid house est bien au-delà de la critique. Son succès auprès des auditeurs dépendra de la tolérance que ceux-ci éprouveront face à ce revival éternel des claviers analogiques : les connaisseurs passeront leur chemin sans trop s’attarder ; les néophytes, eux, trouveront en ce Lasers’N’Shit une occasion rêvée d’étoffer encore leur patrimoine acid en devenir. A vous de voir de choisir votre camp maintenant.