L'ascension
Lewis Evans
“Mon premier album n’est jamais sorti. J’avais du beau monde dessus, mais le label a fait faillite. Mais je le vends pendant les concerts. J’ai finalement sorti des choses… Puis, Brexit, Covid… On me demande un titre de séjour, plus rien ne fonctionne, je mets mes guitares en vente… J’arrête. Alors que j’ai 500 chansons de côté, que je pensais jouer pendant des années”.
Lewis Evans n’a pas toujours eu la chance qu’il méritait. Propulsé sur le devant de la scène (régionale, grandement, nationale, beaucoup) avec les Lanskies, groupe de Caen dont il était le charismatique meneur, il ne s’en cache pas, sa carrière solo, par la suite, a pris quelques coups critiques. Alors, il a tout arrêté. Il y a quelques années, il décida d’être jardinier, de dire adieu à cette vie de composition, cette vie sur la route, cette vie faite de sandwichs avalés à la va-vite, de chansons bancales qui deviendront peut-être classiques…
Mais bien vite, tout est revenu. L’envie, en même temps que les chansons. L’inspiration, en même temps que les moyens de ses ambitions. Ainsi qu’une petite part de mysticisme, de bizarre.
“Un jour, j’ai eu une véritable hallucination. J’étais sous ma douche, j’ai vu d’immenses cœurs flotter dans la pièce. Je sais que cela peut paraître fou, mais je te jure que c’est vrai. Je pensais devenir fou. Et en studio, pour ce disque, il y a eu un immense orage pendant l’enregistrement d’un titre. Et le lendemain, on entendait sur ce titre une voix, on ne savait pas d’où elle venait. Cette magie, cette bizarrerie, j’en avais besoin. Pour ne pas faire de la musique, mécaniquement, juste parce que je ne sais faire que ça”.
Man In A Bubble, en 2017, est donc le premier album de Lewis Evans à parvenir jusqu’à nous. L’année dernière, il publiait un EP, Le Rayon Vert, et cette année, son deuxième disque donc, L’Ascension. Dix titres de ce que le Britannique expatrié sait faire de mieux : de la pop. Ici, épurée, sans batterie, comme une longue soirée au coin du feu. “Lonely Moon”, c’est la sérénade accompagnée de sa petite amie, “Cesar”, celle de la nuit qui s’avance, quand le chant se fait moins certain, mais l’attitude plus conquérante. “Father And Son”, c’est la comptine évidemment familiale, celle qui s’apprend de génération en génération. Et finalement, “Home”, qui clôt le disque : Lewis Evans est bel et bien de retour chez lui, après s’être perdu, dans le doute et les contraintes de la vie. Un album acoustique donc, aux multiples variations autour d’un même ton, et d’une seule et même envie : retrouver le plaisir. Mais pas uniquement.
“La reconnaissance est évidemment très importante pour moi. Le manque d’amour que j’ai pu avoir à l’adolescence, la misère sociale dans laquelle j’ai vécu, ça joue évidemment sur ma quête d’amour du public”. Il est donc urgent d’aimer ce disque. Et son interprète.