Kitsuné Maison Compilation 6

Après quatre premiers volumes irréprochables nous ayant permis de découvrir leur lot d'artistes aujourd'hui confirmés (Digitalism, Simian Mobile Disco ou Foals pour n'en citer que trois), la prestigieuse maison Kitsuné avait montré d'évidents signes de faiblesse sur un volume 5 qui donnait la légère impression que le duo Gildas/Masaya avait passé plus de temps à écumer les clubs les plus trendy du globe qu'à tenter de dénicher les talents de demain. Aussi, cette nouvelle livraison des Kitsuné Maison Compilation est-elle attendue de pied ferme par les clubbers de tous poils – comme par les détracteurs du label qui trouveront là l'occasion rêvée d'enfin pouvoir signer l'arrêt de mort du label et lui réserver le même traitement qu'Ed Banger, relégué par bien des gens aux oubliettes de la hype après un Ed Rec. Vol III faiblard.

Mais visiblement, ces messieurs de chez Kitsuné ont conscience des enjeux et ont par conséquent décidé de se ressaisir pour nous ressortir la très lourde artillerie sur ce sixième volume. Evidemment, la première chose qui attirera l'attention de l'acheteur potentiel sera les noms les plus clinquants qu'est parvenu à réunir Kitsuné sur cette dernière livraison. A ce petit jeu, le label au renard devrait parvenir à ses fins sans trop de problèmes: avec les résidents teutons de Digitalism pour un instrumental (« Taken Away ») dans une veine moins percutante et plus aérienne qu'à l'habitude, le électro-poppeux de Lo-Fi-Fnk qui signent leur grand retour avec un « Want U » à la hauteur des attentes ou un A Trak en toute grande forme qui balance la couche américaine sur son « Say Whoa » (que l'on retrouve également sur le mix qu'il a réalisé pour Nike), l'affiche est évidemment alléchante. Ajoutez à cette belle brochette de stars D.I.M. (le petit protégé de Boys Noize) qui se fend d'un remix grossier de Fischerspooner ou les nerds de Hot Chip qui cuisinent à leur sauce le « Drive your Car » de Groversnor et l'affaire est déjà plus ou moins pliée.

Mais les habitués de la maison le savent mieux que personne: une compilation Kistuné, c'est avant tout la possibilité rêvée pour découvrir dans le confort de son salon les tubes que cracheront les enceintes de notre club favori et sur lesquels on se dandinera à moitié (voire complètement) beurré. A ce petit jeu, les Anglais d'autoKratz (malgré un désir un peu trop évident de vouloir faire aussi bien que les petits copains de Digitalism), les Australiens de Pnau et Ted & Francis (qui ont dû écouter Royksopp plus que de raison) ou le Belge Beni respectent scrupuleusement le cahier des charges imposé par Kitsuné.

En pas moins de 19 titres, Gildas et Masaya nous en donnent pour notre argent. Par ailleurs, ce sixième volume, judicieusement intitulé « The Melodic One », replace stratégiquement Kitsuné sur la carte de la hype mondiale et nous rappelle qu'en matière de classe et de distinction, le duo franco-japonais n'a de leçons à recevoir de personne.