Kidnapped by Neptune
Scout Niblett
Il est des couvertures qui ne permettent pas de cerner la musique et les intentions d’un artiste. Dans le cas de Scout Niblett, c’est tout le contraire. L’artwork de Kidnapped By Neptune reflète à la perfection la musique de cette jeune fille originaire de Nottingham : rêche et dépouillée, elle se plaît à ramper dans l’obscurité pour tout à coup nous souffler par son énergie brute et nous illuminer par sa puissance.
Pour ce troisième album, la demoiselle ne modifie pas cette formule qui lui tient à cœur et lui sied à merveille : un jeu de batterie des plus rudimentaires, des riffs de guitare secs et pesants et une voix oscillant entre douceur mélancolique à la Cat Power et envolées braillardes à la PJ Harvey. Mais voilà, ne supportant pas le favoritisme, Emma Louise "Scout" Niblett est incapable d’accorder sa préférence à l’un de ses instruments de prédilection. Face à ce dilemme, elle n’a pas d’autre choix que de les mélanger et de les confronter. Et c’est justement ce mariage foutraque qui lui permet d’exploiter au maximum son potentiel créatif. Non pas que des morceaux dépouillés comme ‘Good For Me’ ou ‘Wolfie’ soient mauvais, mais ils peinent à tenir la comparaison face aux brûlots que sont ‘Hot To Death’ ou ‘Lullaby For Scout in 10 Years’ : s’ouvrant sur une paisible escapade vers des horizons tranquilles et aérés, ils nous arrachent sans crier gare à cette atmosphère emplie de quiétude et d’émotion en un seul riff dévastateur, réminiscence d’un passé qu’on imagine bercé par l’énergie brute du punk et la noirceur du grunge.
Preuve touchante d’une sensibilité à fleur de peau, Kidnapped By Neptune est un disque sans concessions et brut de décoffrage. Mais comment pouvait-il en être autrement vu le choix des armes et du fournisseur de l’armure (Steve Albini). Rarement un si petit bout de femme aura fait autant de bruit en faisant s’entrechoquer lyrisme et froideur.