Kern Vol. 4

DJ Stingray

Tresor – 2017
par Côme, le 11 septembre 2017
8

Trop c’est trop, et le club/label Tresor l’a bien compris. Là où ils auraient pu usiner de la compilation CD comme un certain club londonien, les Berlinois ont fait le choix de la rareté et de l’excellence, le dernier volume offert à Objekt étant sorti un an avant celui qui nous intéresse aujourd’hui. Et parler d’excellence n’est pas de exagéré ici vu le pedigree de DJ Stingray. Pour faire simple, le natif de Détroit côtoyait Drexciya lorsque James Stinson était encore de ce monde, écume depuis bientôt trente ans les meilleurs clubs de la planète et est globalement reconnu comme un des tous meilleurs DJ du globe depuis ce temps. Du coup, la perspective de le voir démontrer sa science de l’electro le temps d’une petite heure provoque une excitation atteignable par peu de mixes de la concurrence.

S’il est courant de parler d’un "disque balise", permettez-nous ici de parler d’un mix balise pour pénétrer plus en avant l’electro/techno post-Drexciya. Certes de nombreux mixes plongent un peu dans le genre (on pense notamment au récent et excellent DJ-Kicks de Marcel Dettmann), mais ils sont mille fois plus rares que les habituelles sélections techno/house et semblent toujours se consacrer à une interprétation personnelle et distante du genre, là où DJ Stingray propose quelque chose qui tient bien plus de la présentation quasi-exhaustive. Tout y est, des classiques Drexciya/Dopplereffekt aux productions plus récentes (Gesloten Cirkel) en passant par la contribution de Sherard Ingram à la scène avec NRSB-11.

Et cette sélection 5 étoiles sert de base à un mix hors catégorie en matière de technique et de narration. Explorant les influences hip-hop et la passion pour la science de l’electro, Stingray arrive en plus à faire entrer cette vision dans un cadre technique incomparable. Que ce soit au début entre le Gesloten Cirkel et le Professor X ou lorsqu’il change instantanément de morceaux avant "Running Out Of Space", tout ici respire la maîtrise technique.

Pourtant enregistré dans les conditions du live au Tresor, la technique affichée sur Kern Vol. 4 met la misère à bien de sets retouchés par ordinateur. Quant à la construction du mix, rien n’est sacrifié ici à la recherche de l’efficacité, Stingray naviguant sa barque comme un chef en se permettant simplement de jouer ci et là sur le tempo. Tout ici est simple et fort, et arrive toujours à faire le pont entre la mythologie Drexciyenne et la contrainte technique du DJ set. Et lorsque "Cascading Celestial Giants" s’éteint, on se dit que l’on tient sans aucun doute un des mixes les plus solides de ces derniers temps.

Le goût des autres :