Kazablanka
Hallo Kosmo
Sorti dans un souffle en 2005, Autobahnhotel, premier album du projet Hallo Kosmo, n’appartenait au final qu’à un seul homme, Daniel Offermann. L’agile bassiste de Girls In Hawaii avait profité d’une accalmie pour visiter son propre univers, tout en dérapages contrôlés et langue de Goethe. Bien éloignées des balades éthérées de son port d'attache, Offermann y taquinait habilement le mauvais goût avec un certain humour et une touche d’électro.
Pour un nouvel essai, le bonhomme ose donner de l’ampleur à son sujet en s’entourant de Denis Wielemans (batteur des Girls In Hawaii), François Gustin (échappé des Tellers) et Fabrice Detry (tête de gondole de Austin Lace). Un sorte de “supergroupe” à la wallonne, élevé au grand air et nourri au bon grain de nos campagnes. De nature facétieuse, les quatre gaillards adoptent d’un commun accord les atours des pots de gouache de notre enfance. Rouge, bleu, vert, jaune. Voici donc Kazablanka. Avec un K, comme eklektik. Décomplexés, il annoncent la couleur d’emblée: “Music gonna solve our problems…”. En anglais, cette fois. Et même si la pop intelligente ne résout pas forcément les fins de mois difficiles, elle détient le pouvoir de terminer agréablement les soirées.
Ainsi, Hallo Kosmo n’hésite pas à naviguer en eaux troubles et se moque des risques. “Rockpolizei”, premier single infaillible, répertorie avec aplomb les légendes du rock sous une couche de vocoder. “Themoretheless” tente un blues de la boîte à rythmes. Derrière ses airs de balade engourdie, “Old Friend” dissimule une hilarante éloge du beauf des plages. “Money People” s’aventure sur les territoires du gangsta rap, sans les chaînes platinées mais avec un pack de blondes sur le siège arrière. Celles qui se boivent, bien entendu, pas celles qui s’exhibent… Autant de clins d’oeil, de sourires en coin, de voix nonchalante. Aucune prise de tête, pas mal de générosité. Les machines servent les morceaux avec dévotion, sans bomber le torse. Avec des ingrédients simples et une candeur libératrice, Hallo Kosmo rafraîchit un pop-rock belge qui a parfois tendance à se mordre la queue.