Joystone
Jimi Tenor and Kabu Kabu
Jimi Tenor a toujours été un personnage à part, hors du commun (si on se réfère au commun des mortels bien sur !), ainsi avec le Finlandais, plus rien ne nous étonne en matière d’extravagance, qu’elle soit musicale ou encore vestimentaire. Treize ans (sans compter son groupe initial, Jimi Tenor and his Shamans vieux de dix-neuf ans) et onze albums plus tard, la carrière de cet ovni semble pourtant en demi-teinte pour bon nombre de ses contemporains: après être passé sur Warp records ou encore Kitty-Yo, Jimi se voit contraint, faute de mieux, de revenir composer sur son label initial (Sähkö) pour ce nouvel opus, tentant désespérément de se refaire une santé après plusieurs tentatives mitigées. Se situant lui-même entre le post-classique et l’electro-kitsch, la musique du monsieur s’est toujours inspirée des musiques noires-américaines, on ne s’étonnera donc qu’à moitié de le voir accompagné d’un trio africain pour ce Joystone, album de la dernière chance pour beaucoup.
On se confronte dès les premiers instants à des ambiances chaleureuses rappelant, non sans plaisir, les vieilles séries américaines : ainsi, funk et rythmes afros se combinent dans des structures fouillées et abouties. Certains y entendront les courses poursuites mythiques de nos amis « Starsky et Hutch » ou des univers proche de « La croisière s’amuse », les titres rappelant souvent les travaux de Maceo and The Macks. Le problème avec les séries télés, aussi bonnes soient-elles, c’est la présence non désirable de ces inventions du diable qu’on a eu la bonne idée d’appeler les publicités, venant troubler des intrigues battant leur plein, et ce souvent, au plus mauvais moment : Joystone ne fait pas exception à la règle en tombant à de multiples reprises dans des titres plus dispensables qui ont, tout au plus, des allures de musiques d’ascenseur (les ascenseurs de la série « Dallas » évidemment). En effet la linéarité de certains épisodes gâche l’audace d’une saison qui commençait pourtant bien, mais heureusement que les personnages connaissent leurs rôles sur le bout des doigts: les assemblages batteries-basse-cuivres font bouger la tête intelligemment, de cette manière on se laissera séduire sans difficultés par des rythmes qui savent se faire entraînants malgré une formule à répétition qui peut lasser sur tout un disque. Les éléments plus pop se font tout aussi inégaux, pour des résultats variant entre inutilité totale et profondeur quasi tribale du meilleur effet.
Comme toujours, Jimi Tenor nous pond à nouveau un album qui lui ressemble : halluciné mais inégal, audacieux mais parfois ennuyeux ; on regrettera donc toujours que Jimi Tenor ne fasse que du Jimi Tenor, attendant avec (dés)espoir que la flamme d’antan lui revienne. Décidément, il est plus difficile qu’il n’y parait d’être une star de télé.