Jake Bugg
Jake Bugg
Lucie Chérubin est en charge des nouveaux médias chez Mercury Universal Music. Et soit cette fille ne recule devant rien pour nous refourguer sa came, soit elle connaît en minimum son public cible. C’est en tout cas le sentiment que j’ai eu quand le nouvel album de Jake Bugg est arrivé dans la boîte aux lettres et qu’en plus d’être neuf et encore emballé dans son film protecteur (choses rares, cher lecteur), il était accompagné d’un post-it écrit de la main de la demoiselle : « ce disque est une tuerie ». Rien que ça. Et s’il est un peu tôt à ce stade de la chronique pour vous dire si ce disque est bien à la hauteur des inscriptions de la belle demoiselle, on peut déjà vous dire qu’il est l’affaire d’un songwriter d’une extrême précocité.
Car ce gamin de Nottingham est né en 1994, ce qui lui fait 18 ans seulement sur la carte d’identité. Et déjà un deal avec une major et des critiques dithyrambiques dans les canards de sa Majesté pour un disque sorti il y a une poignée de semaines là-bas. Il faut dire que Jacob Kennedy remplit bien le cahier des charges lui permettant de prétendre au statut de « chouchou de l’indie anglais » : coiffe de Mod 2.0, look de mannequin pour Ben Sherman, accent nordiste très prononcé, affinités évidentes avec un certain Noel Gallagher qui l’a emmené en tournée et une approche musicale qui mélange respect des anciens et aspirations modernistes.
Et à ce petit jeu là, c’est la foire aux références d’un bout à l’autre de ce premier album éponyme : voix de corbeau dylanienne, folk à la Donovan, élégance digne d’un Alex Turner, rythmiques empruntées à Johnny Cash ou adoration de tous les instants pour la discographie des Beatles. Mais avec cette manière qu’a Jake Bugg de se foutre des époques, le kid des East-Midlands nous fait surtout méchamment penser à Jamie T, autre talent précoce et porte-étendard d’une génération YouTube dont les adeptes parviennent occasionnellement à tirer quelque-chose de bon de cette boulimie musicale.
Alors non, ce disque de Jake Bugg n’offre pas la moindre surprise, si ce n’est celle d’enchaîner (avec une aisance quand même déconcertante vu l’âge de son interprète) des titres d’une maturité folle, d’une variété bienvenue et qui se valent tous qualitativement parlant. Et pour le coup, les médias anglais si friands de superlatifs peuvent bien s’emballer, car ce gamin en vaut vraiment la peine.