ITSAME
Brainwaltzera
Patiemment, méthodiquement, les auditeurs et auditrices de Brainwaltzera tentent de démasquer depuis 2016 le (ou les) producteur(s) derrière ce mystérieux pseudonyme. Nos enquêteurs mentionnent comme principal suspect un certain Richard D. James alias Aphex Twin, d'autres évoquent les noms de dangereux complices tels Luke Vibert, u-ziq ou Squarepusher. Mais nul besoin de se faire tous ces nœuds au cerveau car Brainwaltzera, c'est tout ça à la fois. Qu'il soit un de ces illustres producteurs d'IDM/electronica ou un nobody complet importe peu car ITSAME - nouvel LP de l'insaisissable producteur - a patiemment digéré la quintessence des écuries Warp et Rephlex pour nous pondre 17 pistes pleines de la maestria.
Hybride par nature, la musique de Brainwaltzera semble vouloir constamment fuir tout classification, toute volonté d'être enfermée dans un cadre rigide et normé. À la manière des Furtifs d'Alain Damasio, tous les éléments sonores sont bons pour alimenter d'incessantes mutations de ces êtres fantomatiques et indéfinissables. Si l'on devait tout de même disséquer cette étrange bestiole, elle se composerait autant de breaks nerveux de jungle pour modeler sa belle silhouette, de douces ballades electronica pour composer sa colonne vertébrale, et surtout de mélodies IDM tirées au cordeau pour former son cortex cérébral. Entre tous ces éléments fort différents se dégagent pourtant une unité et une quête d'harmonie qui se dessinent au fil des nombreuses écoutes que nécessite ITSAME pour être pleinement appréhendé. Car il faudra une bonne dose d'abnégation et de patience pour pénétrer cet album aux références foisonnantes.
Loin de l'étiquette de musique froide qui colle encore à la braindance, Brainwaltzera insuffle une émotion qui parcourt de bout en bout tout ce second long format. Au fond, c'est peut-être là le lien invisible qui permet à cet édifice majestueux et quelque peu bordélique de tenir et de faire sens. À l'opposé de l'ombre qui entoure son identité, la musique de Brainwaltzera choisit sans sourciller la lumière pour nous servir une des belles surprises de 2022 au rayon « computer music ».