It's Not Me, It's You
Lily Allen
Si le premier album de Lily Allen est sorti il y a deux bonnes années, la jeune Anglaise n’a jamais vraiment disparu de nos radars : fausse couche, amourettes diverses, bitures à répétition, ‘nipple slips’ en pagaille, prise de bec mémorable avec Sir Elton John, guéguerre avec Katy Perry, talk show sur la BBC ou déclarations plutôt tendancieuses sur la consommation de substances psychotropes en tous genres, la presse people a pu s’en donner à cœur joie – le tout étant généralement commenté sur l’objet à la source même du succès planétaire de la petite Lily, une page MySpace comptant la bagatelle de 28 millions d’amis. Disque d’une fraîcheur et d’une innocence à toutes épreuves, Alright, Still s’est l’air de rien écoulé à 2.600.000 exemplaires dans le monde, faisant de Lily Allen une superstar en quelques mois à peine.
Pour son grand retour, Lily Allen n’a évidemment pas fait les choses à moitié, faisant monter le buzz à grands coups de previews dévoilées au compte-goutte sur la toile et se payant les services du producteur Greg Kurston – membre de The Bird and The Bee dont le travail de producteur a déjà fait des miracles pour des machines à tubes comme Kylie Minogue, Sophie Ellis-Bextor ou, plus récemment encore, Sia. Fille du comique Keith Allen et filleule de feu Joe Strummer, Lily Allen est depuis toujours la cible des critiques qui voient en elle une artiste surfaite ayant bénéficié de nombreux passe-droits et ce second opus est en quelque sorte une nouvelle riposte en forme de doigt d'honneur fièrement tendu à ses détracteurs – ainsi qu'un nouveau petit bijou de pop bubblegum à l'adresse de ses nombreux fans.
Depuis Alright, Still, la petit Lily a évidemment grandi et, à défaut d'être devenue une femme, la jeune fille de 23 ans à peine a quand même engrangé une expérience suffisante pour ne pas nous jouer le coup de la copie conforme sur It's Not Me, It's You. Beaucoup plus uniforme que son prédécesseur et jouant sur une palette d'influences bien moins large, cette nouvelle livraison mélange avec beaucoup de brio pop acidulée et paroles au vitriol traitant dans un mélange de naïveté assumée et d'honnêteté revendiquée de sujets allant du futile (les mecs qui ne sont qu'une bande de bons à rien) au grave (le racisme notamment). Ainsi, si la forme a quelque peu changé, la formule gagnante reste quant à elle inchangée: contenant son lot de titres remuants ("Not Fair", "Never Gonna Happen" ou "Fuck You" et son piano entêtant digne d'un générique pour Arnold & Willy ou Punky Brewster) et de ballades attachantes ("Chinese" en tête), parvenant même à nous faire aimer un titre écrit par ces belles gueules périmées de Take That (oui, oui), It's Not Me, It's You a gagné en consistance ce qu'il a perdu en fraîcheur par rapport à son prédécesseur – à ce titre, l'excellent single "The Fear" lancé en éclaireur illustre à merveille ce propos.
Avec deux albums de cette qualité, capables de faire le grand écart entre plébiscite populaire et reconnaissance critique, on se demande encore bien qui pourrait s'en prendre à l'intégrité artistique d'une Lily Allen respirant la toute grande forme. Certes bien née, la chipie anglaise n'en reste pas moins pétrie de talent et le montre avec fierté et assurance sur cet album à la hauteur des attentes.