It's Inside You

Candy

Relapse Records – 2024
par Jeff, le 15 juillet 2024
8

Depuis ses débuts en 2018, la trajectoire de Candy est suivie de près car dans un genre – le hardcore –  dont l’énergie déployée n’a parfois d’égal que l’immobilisme esthétique dans lequel il aime s’enfermer, il est salutaire de voir des formations rompre avec la fatalité qui les condamnerait à sortir des albums perpétuant benoitement des traditions ; on parle désormais de « jurisprudence Turnstile ». Ceci étant dit, vu la brutalité prônée par Candy sur ce troisième album sorti sur Relapse Records, on se gardera bien de les rapprocher des auteurs de Glow On. Ces derniers sont aujourd’hui capables de parler au fan de Tame Impala ou Gorillaz, et Candy en est encore loin.

Mais ce qui est certain, c’est qu’à l’image de Turnstile qui a ajouté de la pop et de la musique psyché dans sa tambouille, Candy aime prendre de gros risques stylistiques. On en avait déjà eu un avant-goût sur Heaven Is Here en 2022, mais cette fois le groupe américain n’est plus dans l’esquisse ou le tâtonnement : cette envie de s’amuser avec certains codes cyberpunk, d’oser des scratches renvoyant aux heures les plus sombres du nu-metal ou de remplacer la batterie par le genre de machines qu’on entend sur les disques de Prong ou Ministry, il l’assume frontalement. Et histoire de légitimer son audace, il le fait avec la bénédiction de quelques têtes bien connues de la scène punk hardcore US : Aaron Melnick d’Integrity, Justice Tripp d’Angel Du$t’s et David Gagliardi de Trash Talk, qui sont venus tous buter quelques gerboises.

Un album aussi imprévisible et extrême qu’It’s Inside You n’est normalement pas à mettre entre toutes les mains, mais la combinaison de ces deux qualificatifs qui agissent parfois comme des repoussoirs est essentielle pour appréhender un groupe qui, épaulé par Ben Greenberg d’Uniform, s’est clairement donné les moyens de sa politique : toucher un public plus large, amateur de catharsis et de sensations fortes. Le single « Love Like Snow » est alors la porte d’entrée idéale dans l’univers de Candy, tandis que « Dancing to the Infinite Beat » résume à lui seul l’absence totale de contraintes lors de l’enregistrement d’un disque qui fera date dans la carrière du groupe. Mais pas que ?

Le goût des autres :