It Runs In The Family
Anderson
Comprenez-moi bien : je n’ai pas une dent contre les artistes hollandais. J’ai même été plutôt élogieux par le passé en évoquant les disques d’Alamo Race Track ou des défunts John Wayne Shot Me. Cependant, j’ai la légère impression que musicalement et à quelques exceptions près, ce pays a tout d'une belle bande de bras cassés. C’est en tout cas le constat que je tire en écoutant les nombreux disques en provenance des Pays-Bas qui me sont envoyés et dont les chroniques n’arrivent jamais jusqu’à ces pages: plus anodines que passionnantes, ces nombreuses galettes témoignent de la santé plutôt précaire d’une scène musicale batave qui doit davantage compter sur André Rieu et Anouk pour générer des bénefs. Heureusement qu’à l’occasion débarque sans crier gare un groupe qui, l’air de rien, vous fait croire qu’il y a peut-être encore un peu d’espoir. Cette fois, c’est Anderson qui a tiré la floche avec It Runs in the Family, second album de ce duo amstellodamois.
Ce disque tombe d’ailleurs à point nommé. En effet, il y a quelques mois à peine, Ben Gibbard a brisé le cœur de bien des gens en apprenant que non seulement il allait épouser la belle Zooey Deschannel, mais qu’en plus (et surtout) il ne fallait pas s’attendre à le voir retourner en studio avec Jimmy Tamborello pour y accoucher d’un nouvel opus de The Postal Service. Heureusement pour nous, il reste des groupes comme Anderson pour perpétuer l’héritage aussi maigre que délectable laissé par la formation américaine. Le binôme formé par Bas van Nienes et Jeroen van der Werken, s’il n’est pas capable de reproduire la formule magique appliquée sur un tube aussi imparable que « Such Great Heights », fait néanmoins montre d’une belle capacité à accoucher de titres capables de vous tourner durablement dans la tête. Mais là où le groupe révèle toute l’étendue de son potentiel, c’est lorsqu’il s’en va défier sur son propre terrain les Français de Phoenix. En effet, en deux titres impeccables qui évoquent la pop toute en décontraction qui a assis la réputation des Parisiens sur Alphabetical, les gars d’Anderson nous en foutent plein les oreilles et nous laissent penser que leur musique pourrait aisément dépasser les frontières si elle se débarrassait de ces petites scories et maladresses qui empêchaient, en son temps, un groupe comme Hot Chip de percer. A Anderson donc de nous sortir de son chapeau son « Over & Over ».