Is The Is Are

DIIV

Captured Tracks – 2016
par Thomas P., le 10 février 2016
8

2012. L’année où on a cru à la fin du monde et à l’envol de la carrière de Mario Balotelli. Quatre ans, ça parait loin, et ça ressemble à une éternité dans une carrière d’un artiste estampillé millennials. Pourtant, c’est bien bien cette année-là que le seul album de DIIV est sorti. Depuis ? Ca a été les montagnes russes pour Zachary Cole Smith, sorti des radars musicaux depuis qu'il a été pris en flag dans sa voiture avec sa copine Sky Ferreira et de la dope. Depuis ? Une cure de désintox forcée et des annulations de dates à répétition.

Mais cet article ne parlera pas de sex, drugs & rock'n'roll. Parce que avec ces histoires bonnes à être étalées dans un livre-sensation ou à grossir les lignes d’articles, on en oublie souvent de parler du vrai sujet de discussion et de l’existence même de ce qui fait le musicien : la musique. 

Alors je reprends. Quatre ans à attendre un nouvel album de DIIV est un constat sévère. Ce temps long ne nous a pourtant pas fait décrocher de la promesse entrevue sur Oshin. En tout cas, ce qu’on peut dire, c’est que le retour de DIIV s’est fait attendre mais qu’il a bien été préparé. Annoncé cet été par « Dopamine », la formation new-yorkaise nous tenait en haleine au gré de chansons semées avec parcimonie jusqu’au jugement final de la sortie du deuxième album. La tension nécessaire pour supporter l’attente est également présente tout au long de Is The Is Are, double-album long de 17 titres.

La rumeur dit que Smith a écrit 300 morceaux pour n’en garder que l’essentiel; 300 morceaux pour éloigner pour de bon les vieux démons. Ou comment le sujet de la drogue revient comme un boomerang. Ce n’est pas de ma faute, vu que des titres comme « Out Of Mind », « Under The Sun », « Dopamine » ou « Incarnate Devil » sont assez évocateurs. La présence de Sky Ferreira se fait également entendre sur « Blue Boredom (Sky’s Song) » et pimente un peu plus encore l’ambiance générale, chaude et sexuelle.

Un peu partout sur le disque, on retrouve ce qui nous a conquis dans Oshin, notamment cette structure shoegaze ou ces réminiscences grunge du Sonic Youth période Goo. Mais il est difficile de faire ressortir une seule chanson-hymne de cet album qui se vit d’une traite. Chacun y trouvera son petit bonheur, peut-être parce que chaque chanson a son potentiel et fait invariablement son petit effet.

Alors pour conclure, les drogues c’est mal. C’est souvent un argument utilisé soit pour amplifier la glorification d’un album, soit le démonter alors qu'il est déjà noyé dans un océan de vide artistique. Mais comme son absence récente est l’élément central du retour de DIIV, on ne peut que saluer l’initiative, et ne surtout pas oublier de saluer l’album, le seul témoignage tangible digne d'une échelle de valeur.

Le goût des autres :
7 Maxime