Instant Coffee Baby

The Wave Pictures

Moshi Moshi – 2008
par Jeff, le 12 décembre 2008
7

Herman Düne ayant perdu l'un de leurs membres fondateurs (André, officiant désormais sous le patronyme Stanley Brinks) et par la même occasion pas mal de leur superbe (la preuve avec le mièvre Next Year In Zion), la guerre de succession est désormais lancée. Mais on le sait, le petit monde de l'antifolk n'est pas connu pour son impitoyable sauvagerie et ses coups bas crapuleux, et c'est donc en toute simplicité que s'organise le partage des pouvoirs. Bien placés pour récupérer la frange du public d'Herman Düne qui n'a pas pardonné à la troupe franco-suédoise ses écarts un peu trop pop, on trouve les Anglais de The Wave Pictures – qu'on croise d'ailleurs régulièrement aux côtés de Jeffrey Lewis ou… tiens donc… de Stanley Brinks, entité démissionnaire d'Herman Düne qui est restée fidèle à ses premières amours. Bien que le groupe soit actif depuis plusieurs années, il aura fallu attendre que sa route croise celle du label Moshi Moshi (Au Revoir Simone, Tilly & The Wall,…) pour qu'on en parle enfin.

Originaire de Wymeswold, un petit village du fin fond du Leicestershire, un comté lui aussi situé au beau milieu de l'Angleterre profonde, le groupe composé de David Tatterstall, Franic Rozycki et Jonny 'Huddersfield' Helm a tout pour plaire à ceux chez qui des disques comme Switzerland Heritage ou Mas Cambios occupent une place de choix dans la discographie. En effet, enregistrés dans des conditions live et sans avoir recours à d'inutiles artifices (quelques 'overdubs' tout au plus), les treize titres d'Instant Coffee Baby respirent la simplicité et dégagent un agréable parfum 'lo-fi' qui fera forcément penser aux premiers efforts de la fratrie Herman Düne ou à ceux des modèles de cette dernière, Jonathan Richman en tête. Musicalement, c'est certes limité, mais c'est joué avec une telle sincérité et un tel naturel qu'il se révèle difficile de ne pas se laisser séduire par ces mélodies bancales portées par la voix légèrement nasillarde de David Tatterstall. Ce dernier fait par ailleurs montre d'un certain talent pour raconter en toute aisance le genre d'histoires inspirées par le quotidien dans tout ce qu'il a de plus banal. Ce côté 'Bob Dylan vs The Modern Lovers' fait évidemment mouche et ne s'étonne dès lors plus que Darren Hayman (des géniaux et mésestimés Hefner) ou Lisa Li-Lund participent à un Instant Coffee Baby d'excellente facture.

Petit trésor caché qu'on aurait pensé dénicher dans un troquet oublié de la Big Apple plutôt que dans un pub enfumé de la perfide Albion, The Wave Pictures est évidemment un groupe appelé à jouir d'un succès plutôt confidentiel. Mais tous ceux qui ont aimé les Herman Düne pré-Giant ou le Adam Green pré-Gemstones ne s'en plaindront certainement pas…