Infinite EP
Canblaster
On aimerait aimer Club Cheval autant que l’on aime Canblaster, mais pour le coup, c’est un peu comme ne pas tousser avec le chocolat en poudre du tiramisu. En fait, on a la sensation permanente que le Cédric Steffens pousse à lui seul l’équipe vers les sommets, là où les autres l’entraînent plus souvent vers d’indignes profondeurs. A l’entertainment pompier ouvertement revendiqué par son groupe, le Nordiste a toujours opposé un ratio d’idées par minute affolant pour habiller sa UK Funky déstructurée, que ce soit sur le cafféiné Master Of Complications EP ou le trop court Air Totem. Depuis, deux ans ont passé sans la moindre sortie solo - mais une période au cours de laquelle le Français a enchaîné les collaborations poussives et une grosse tripotée de relectures déjà plus décentes, mais qui faisait état d’un surplace inquiétant venant d’un mec bouillonnant d’idées. Faut-il y voir là l’œuvre d’un perfectionniste ? A l’écoute des six titres d’Infinite EP, pas impossible. Faut dire aussi, ça faisait longtemps qu’on avait pas entendu un Canblaster donnant l'impression que Todd Edwards se fait passer à tabac par Chris Brown, tandis que Rihanna assiste à la scène. Le bougre n’a pas lésiné sur les effets pyrotechniques et ça balance du synthé virevoltant à tout bout de champ, le tout dans un espace sonore déstructuré. Et même en s’autorisant un bref instant de répit ("I Think About U") ou la présence de Para One le temps d’un banger bien fat, rien n’y fait: Infinite EP marque le retour aux affaires d’un Canbla’ qui maîtrise son sujet, et qui se montre autrement plus exigeant et défricheur que ces derniers mois. Il accouche ici d’une sortie honteusement addictive, bigarrée et universelle qui relève enfin le niveau de récentes sorties Marble, toutes plus quelconques les unes que les autres depuis la sortie de l'excellent Passion il y a déjà un an. Maintenant, on espère juste ne pas avoir à patienter deux ans de plus pour entendre le natif de Douai nous faire une autre glorieuse démonstration de force, car la seule écoute de ces six titres suffit à nous convaincre que l'animal en a encore sous le pied. Et peut-être même plus qu'on ne le pense.