In The Presence of A Malevolent Soul
Gored Embrace

Enthousiaste suite à la sortie du très bon dernier disque de Misanthropy, je me suis glissé dans leur DM afin de savoir ce qui tournait en rotation lourde dans leur QG. Dans ma tentative d’expérience sociologique de type « de quoi rêvent les serial killers ? », on m’a gentiment redirigé vers le premier album de Gored Embrace : des copains avec qui ils partageront l’affiche dans les prochaines semaines et qui sortent ici leur premier album sur Iron Fortress Records. Avec l’assurance d’être dans le dur de l’underground américain, je partais donc pour ce In The Presence of A Malevolent Soul. Trois jours plus tard et une vingtaine d’écoutes dans le coco, on peut le dire sereinement : allez-y de manière décomplexée.
Alors, comme il faut bien commencer quelque part, je ne peux évoquer ce premier essai sans parler de cette production absolument délicieuse. En effet, combien de disques de metal, death ou autres, ont vu leur qualité et leur longévité démolies par un traitement sonore qui ne leur convenaient pas ? Ici on ne parle pas d’une qualité de prod’ - le raw black metal, dans son extrême, cultive les ambiances absolument illisibles pour un résultat malgré tout idéal - mais d’un choix simplement inadéquat. À l’inverse, et c’est une des qualités sur laquelle cet album assied pas mal du reste de sa superbe, Gored Embraced ne s’est absolument pas trompé sur la couleur à donner à son premier album. Incroyablement claire et massive, la production est ici une véritable rampe de lancement pour tout ce qui fait ces quarante minutes de death metal.
Les breaks sont d’un dynamisme fou, et bien aidés par cette hauteur sonore, ils tombent dans un fracas colossal. La méchanceté des riffs dans cet écrin est ininterrompue, bien aidée par la place absolument parfaite qui leur est attribuée dans le mix. Tout ce qui fait la masse de ce premier album est spatialisé à la perfection, rien ne se marche dessus malgré la dépense étourdissante d’énergie.
Et ils sont bien malins chez Gored Embraced : leurs quatre plus gros singles - respectivement « Residual Self Image », « Cold Is A River », « Lamentations of A Fractured Future » et « In The Presence of A Malevolent Soul » - sont répartis dans le disque à la perfection pour que la sauce ne retombe jamais. Et du coup leur fusion de old-school, de brutal slam (le sous-genre presque porcin, pas l’autre gigue de Grand Corps Malade) et de choses délicieuses empruntées au style de New-York et de Floride fonctionne au régime maximum. Comptez une piste instrumentale véritablement effective, quelques intros/outros/interludes qui ne font pas tâche et vous obtenez un disque rempli à ras bord.
Alors bien évidemment, le genre propose un paquet de disques efficaces - c’est même le propre de cette scène au sens large. Il faudrait du coup être bien présomptueux pour présager de la réussite de Gored Embrace au-delà de l’underground le plus caverneux. Mais ce premier album est déjà tellement en avance sur bien des plans, à commencer par sa maturité sonore, qu’on ne peut que souhaiter le meilleur au groupe de Chicago. Avec la capacité de grandir encore un peu plus dans l’écriture, Gored Embrace est bien assis pour réaliser de grandes choses dans le futur, probablement à une place moins ingrate que celle de rookie de l’année. Un début impeccable.