I'm Not There OST
Various Artists
Après Johnny Cash, Jim Morrison ou Sam Riley, c’est au tour de l’insaisissable Bob Dylan de faire l’objet d’un ‘biopic’ inspiré de sa vie et de son œuvre. Évidemment, comme toute bonne production cinématographique qui se respecte, la sortie de I’m Not There est accompagnée de celle de l’inévitable bande originale. À l’image d’un film au concept pour le moins original (le chanteur est incarné par six acteurs différents pour représenter différents moments de sa vie, dont… Cate Blanchett), la bande son de I’m Not There offre elle aussi son lot de surprises. En effet, alors qu’on aurait pu s’attendre à un best of à peine masqué, la double galette qui accompagne la sortie du film de Todd Haynes est en fait composée (à une exception près) de reprises de Bob Dylan.
Vu l’aura et le talent du principal protagoniste de I’m Not There, l’exercice est, vous en conviendrez, plutôt casse-gueule. D’autant plus que ce ne sont pas les projets se proposant de revisiter le répertoire d'un artiste mythique qui manquent ces temps-ci, comme en témoignent les récents hommages aux Pixies, Dig For Fire : A Tribute to Pixies, ou à Radiohead, OK X : A Tribute to OK Computer. Heureusement, plutôt que de confier le projet à un Mark Ronson ou à de parfaits inconnus, les producteurs de ce double album ont préféré opter pour une pléiade d’artistes pour la plupart mondialement (re)connus et ayant à des degrés divers été influencés par Bob Dylan. Bref, entre Jeff Tweedy, Mark Lanegan, Sufjan Stevens, Stephen Malkmus ou Iron & Wine, c’est un joli parterre de talents qui a été convié pour s’attaquer au répertoire de Robert Allen Zimmerman.
Je l'ai dit, l'exercice n'a rien d'aisé, et pourtant, tous les artistes conviés parviennent à tirer leur épingle du jeu, voire à chatouiller Bob Dylan pour certains, et ce, qu'ils s'attaquent à des monuments de la musique moderne ou à un obscur bootleg. C’est notamment le cas de Calexico qui, présent à 5 reprises, mériterait que ses réinterprétations fassent l’objet d’un EP. Privilégiant le format « duo » qui avait si bien réussi aux Texans sur In The Reins, la bande à Convertino et Burns s’acoquine à Sam Bean (tiens donc), à Jim James (My Morning Jacket), au folkeux (et membre originel des Byrds) Roger McGuinn et à l’inaudible Charlotte Gainsbourg pour un résultat qui frôle à chaque fois la perfection. En même temps, on n'en attendait pas moins de la part d’un groupe au parcours irréprochable et à la classe folle. On mentionnera également les excellentes réécritures de Jeff Tweedy, de Sonic Youth ou de Yo La Tengo - moins calmes qu'à l'accoutumée. On ne manquera également pas de saluer tous les autres protagonistes qui ont eu la judicieuse idée de ne pas trop s'éloigner de la version originale pour simplement y ajouter une petite touche personnelle, souvent facilement repérable (la soul si chère à Cat Power sur The Greatest ou la noirceur de Mark Lanegan). Finalement, une seule fausse note à signaler : la présence d’Eddie Vedder qui, en ouverture des hostilités, ne pourra que décourager les oreilles frileuses.
Sobre mais inspirée, cette double bande originale au casting transgénérationnel colle parfaitement à l’ambiance développée dans un film qui tente de cerner l’une des personnalités les plus énigmatiques et fuyantes de l’histoire du rock. Les incarnations de Bob Dylan ont été nombreuses depuis ses débuts dans les années 60, et il fallait bien cette trentaine de musiciens pétris de talent pour tenter de les évoquer