III:MMXII
Clubroot
Daniel Richmond, sans révolutionner quoique ce soit, avait su se faire une jolie place au soleil au sein d'une scène ambient/dubstep qui manquait encore un peu de figures tutélaires à une époque où celles-ci ne peinaient pas à exister dans l'ombre de Burial. Producteur méticuleux et prolifique à qui l'on doit deux albums emprunts d'une émotion et d'une beauté rares, il n'aura une fois de plus pas fallu attendre plus d'un an et demi pour pouvoir découvrir la fin de cycle de son attachante trilogie, qui semble avoir déjà usé jusqu'à la corde ce que sa recette avait de plus excitant. III :MMXII, l'opus de trop ?
III :MMXII, c'est tout d'abord un titre d'ouverture prometteur, « Left-Hand Path », naviguant sur la vibe un brin émo-pop à la Moderat pour nous donner une piste spatiale et enivrante quoiqu'un peu poussive. C'est d'ailleurs sur cet unique morceau de bravoure qu'il faudra compter pour sauver l'album d'une noyade certaine, parce qu'au delà de ce second titre, III :MMXII est surtout l'histoire laborieuse d'un fil conducteur perdu entre un milliard de nappes aériennes qui ne racontent strictement rien. Se posant en véritable prophète du vide, Clubroot semble ici avoir oublié d'injecter ne serait-ce qu'un semblant de contenu à son nouveau bébé : il y a beau y avoir quelques ingénues idées qui se trament derrière cet épais brouillard ambient, rien ne semble vouloir en dépasser de peur de rompre le dérangeant hermétisme qui règne en maître tout du long de ces treize pistes. D'ailleurs, pour dire comme l'écoute de cette livraison nous a donné du tort, on aurait préféré réaliser dès la première écoute à quel point le disque est manifestement mauvais plutôt que d'errer dans un flou artistique nous obligeant à subir d'inutiles réécoutes emplies de cette peur panique d'être passé à côté de quelque chose d'incroyable. En vain. Car c'est bien à la stérilité permanente et à l'ennui profond que l'on confine tout du long de cette pénible heure et quart de musique, comme un rendez-vous supposé excitant avec la bimbo en chef de l'amphi qui se transforme en une recherche désespérée de sujets de conversation pour tenir jusqu'au moment fatidique de la proposition du dernier verre. Et ce n'est qu'arrivé au bout du firmament que l'on se demande au final si la récompense valait pareil emmerdement.
A l'exact opposé de ses deux prédécesseurs, III :MMXII est une galette creuse sans structure ni attraits qui se camoufle sous de jolis apparats ambient pour tenter désespérément de cacher un vide aussi sidéral que sidérant. Peu coutumier aux prises de risques, il faudra néanmoins que Clubroot face preuve au delà de cette trilogie d'une audace certaine pour renouveler une formule qui commence à sentir l'éventé et qui semble avoir proposé ce qu'elle avait de plus attractif. Il y a donc de quoi sérieusement redouter la suite des évènements.