III
Italia 90
Avec la fin de l’année qui approche, c’est le cerveau du rédacteur lambda qui fatigue et profite de la fin de l’année pour consacrer le peu d’énergie qu’il lui reste aux traditionnels bilans. Avec la réserve de points de vie qui s’amenuisent, c’est aussi les bons mots et les réflexions pertinentes sur la musique et ses qualités (ou pas) qui se raréfient. Un constat particulièrement valable pour le journaliste féru de post-punk. Si celui-ci se réjouit de l’improbable retour en force du genre, il commence sérieusement à manquer de bons mots quand, ces derniers mois, se sont entassés sur son disque dur des albums de Fontaines D.C., Snapped Ankles, The Murder Capital, Squid, Girl Band, Drahla, Omni, Ceremony, black midi, ou TOY, couvrant un spectre allant du fort recommandable à l’essentiel.
Face à l’angoisse de la redite, l’impression qu’il va finir en PLS à la prochaine référence à Wire ou Television, une seule issue : aller droit au but. Une tactique qui s’impose comme une évidence quand le groupe dont il faut disséquer l’œuvre emprunte son nom à une édition de la coupe du monde de football entrée dans la légende grâce aux déhanchés de Roger Milla, à l’altercation humide entre Frank Rijkaard et Rudi Völler, aux larmes de Gazza ou, bien sûr, à la terrible injustice dont a été victime la Belgique – le seum originel.
Italia 90 donc, c’est ce groupe londonien dont le post-punk, sans grandes surprises formelles, se démarque par la saine colère qui l’habite et par l’engagement prolétaire qu’il revendique, notamment au travers de textes qui évoquent depuis les débuts du projet les affres de la vie dans une ville aussi inégalitaire que Londres. Pas de poses ou d’attitudes factices avec ces quatre-là, juste la garantie de morceaux courts pour formats courts (ils n’ont que des EPs à leur actif), ultra-efficaces et garantis sans fadaises et matières grasses – en ce sens, on a très envie de les rapprocher des vétérans parisiens de Frustration.
En fait, on ne s’étonne qu’à moitié qu’un label de têtes chercheuses comme Fierce Panda soit venu frapper à la porte du studio pour leur proposer un contrat, comme il l’avaient fait en 1999 avec un petit groupe du nom de Coldplay. Italia 90 ayant intitulé sa prochaine tournée le So Much For Communism Tour, pas certain qu'eux bossent un jour avec Stromae ou Beyoncé donc.