I Created Disco

I Created Disco

Cinq 7 – 2008
par Jeff, le 5 mars 2008
7

Si le net n’a pas son pareil pour enchaîner les hypes avec une rapidité absolument déconcertante, on ne peut pas en dire autant de certains labels qui mettent parfois un temps fou à donner une incarnation physique à un phénomène virtuel. J'en veux pour preuve ce premier album de Calvin Harris. Difficile depuis quelques semaines de passer à côté de la sortie du premier album de ce blanc-bec de 23 ans à peine. Pourtant, depuis de nombreux mois déjà, ce gamin originaire d'un obscur bled écossais (Dumfries) affole la presse d’outre-Manche et bon nombre de blogs du monde entier – notamment grâce à son irrésistible single « Acceptable in the 80’s ». Et tandis que ce I Created Disco faisait déjà le bonheur des disquaires anglais en juin de l'année dernière ou que Calvin Harris impressionnait à Rock en Seine, il aura fallu attendre le début de cette nouvelle année pour pouvoir profiter du phénomène autrement que par P2P, MySpace, Blogger ou YouTube interposé.

Si les plus informés de nos lecteurs ont déjà pu se faire une idée bien arrêtée de ce I Created Disco, j’ose espérer que le reste d’entre eux découvre Calvin Harris et que ces quelques lignes auront donc leur utilité. Je vous l’ai dit plus haut, ce jeune Ecossais est un nouveau venu qui, en quelques mois à peine, a réussi à cristalliser autour de compositions aussi simples qu’efficaces une attention que d’aucuns qualifieront de démesurée. Il n’empêche que cet album ‘plus home made tu meurs’ (une chambre, un vieil Amiga et un séquenceur ont suffi à son élaboration) est imprégné d’un sens de la fête évident et placé sous le sceau du plaisir régressif, ce qui ne sera pour plaire aux amateurs de Chromeo ou LCD Soundsystem – même s’il faut bien avouer que I Created Disco, aussi sympathique soit-il, n’arrive pas à la cheville des dernières réalisations respectives des américains et des canadiens. Derrière ce titre faussement provocateur et résolument ironique se cache donc un condensé de pop, de disco et de new wave aux contours cheap et aux basses grassouillettes qui ne vise nullement à une quelconque intellectualisation du propos, bien au contraire. Le monde de Calvin Harris est plutôt fait de gonzesses (« Girls »), de folles soirées (« Merrymaking at My Place ») et de plaisirs en tous genres (« Vegas »). Et si certains titres du disque ont des effets miraculeux sur vos guiboles, on ne vous cachera pas non plus que d’autres semblent faire office de remplissage sur ce disque capable d’enchaîner le fantastique et l’anodin – notamment dans sa seconde moitié, comme c’est trop souvent le cas.

Mais ne boudons pas trop notre plaisir : tout l’été, Calvin Harris a fait danser le Royaume-Uni au son de son éléctro-pop et il y a fort à parier que l’Europe fera de même en 2008 – en même temps, vu le rabattage médiatique fait autour du bonhomme, c'est gagné d'avance. On ne criera certes pas au génie, mais nous limiterons à reconnaître que ce disque-là risque fort d'accompagner de nombreux moments de franche déconne et de sincère rigolade dans les mois à venir.

Le goût des autres :
7 Julien 7 Nicolas