I Blame You

Obits

Sub Pop – 2009
par Romain, le 12 août 2009
8

Les fans de Drive Like Jehu ou Pitchfork (le groupe) seront sûrement quelque peu perturbés par le dernier opus de Rick Froberg. En effet, après la mort de Hot Snakes et le départ du guitariste John Reis pour les Night Marchers, le chanteur emblématique a décidé de former un groupe de rock’n’roll pur jus nommé Obits. Un revirement qui a de quoi surprendre quand on sait que le bonhomme s’est construit dans le hardcore made in California avant d’évoluer vers l’indie punk  alambiqué de Drive Like Jehu - qu’on aurait presque pu qualifier de « math-punk » même si l’appellation est complètement contradictoire. Bref, Froberg en revient à un style relativement plus posé et, disons, plus simple en comparaison du travail précédemment accompli.

Pourtant, pas question de parler de régression ! Le talent d’Obits pour arranger des titres qui sonnent aussi juste n’est pas altéré par un quelconque changement d’orientation, aussi brusque soit-il. Avec ses guitares brillantes et sa batterie survoltée, I Blame You revisite très largement l’héritage du punk garage sous toutes ses formes, à la façon des Hives ou des Datsuns. Et avec quel brio. « Widow  Of My Dreams », « Talking To The Dog » et « Two-Headed Coin » sont autant de bombes rythmiques avérées qui prennent aussi bien racine dans les Wipers que dans les Creedence ou Steppenwolf. Sans renier complètement son passé dans Hot Snakes, on trouve aussi quelques titres plus complexes tels que « Light Sweet Crude » ou « Run » sur lesquels on passe de la rage à la complainte en un quart de seconde, toujours avec aisance, jamais sans talent. Au nombre des perles, on peut aussi ajouter la reprise du classique « Milk Cow Blues » entièrement revisitée et l’hymne punk « Back And Forth »  qui clôture l’album.

Tel le prince héritier d’une famille royale prestigieuse, Obits a sur les épaules un passé particulièrement dense qu’il faut savoir utiliser à bon escient. On ne compte plus les aficionados tatillons de l’époque Drive Like Jehu qui tirent à boulets rouges sur ce roitelet impie, mais ceux-là s’adapteront. Même s’il est clair qu’une fois le binôme Reis/Froberg scindé, c’est une alchimie particulièrement fertile qui disparaît, il n’empêche que leur talent individuel a encore une grande valeur : les Night Marchers l’ont prouvé, Obits surenchérit.

Le goût des autres :
7 Nicolas