Howl
Black Rebel Motorcycle Club
Après deux premiers albums remarqués et excellents mais peut-être un peu trop semblables, BRMC en 2001 et Take Them On, On Your Own en 2003, il était temps pour les riders du Black Rebel Motorcycle Club de donner une nouvelle direction à leur musique, de trouver une nouvelle inspiration sous peine de tourner en rond comme les White Stripes. En somme, de prendre des risques, quitte à se faire lourder par Virgin Records. Et ce qui devait arriver arriva. Libérés des pressions de leur ancienne maison de disques, les BRMC ont décidé de tout reprendre à zéro.
Evidemment, la bande menée par Peter Hayes et Robert Levon Been (alias Robert Turner) aurait pu opérer un changement complètement radical, mais, sérieusement, on imaginait mal nos trois chevelus, vestes de cuir crasseuses et cigarette au bec, se diriger vers un son plus moderne, à base de machines et de rythmes robotiques. Pas leur genre. C’est donc finalement de manière assez logique, mais tout de même très étonnante, que ce Howl tranche avec ses deux frérots en optant pour une certaine forme d’épure et en renouant avec les origines du rock : le folk, le blues, le gospel, la country music.
Ainsi, comme les Smashing Pumpkins en leur temps avec Adore, le BRMC a mis les guitares électriques au placard et pris le risque de surprendre ses fans avec un album couillu n’entretenant plus qu’un très lointain rapport avec ses œuvres précédentes ("Howl" et "Weight of the World", qui assurent une certaine transition, au demeurant très réussie).
La surprise atteint en fait l’auditeur dès les toutes premières secondes de cet album, avec le début a capella de "Shuffle your Feet", suivi de claquements de mains pour le moins roots et inattendus. Ambiance rupestre et chansons autour du feu de bois au fin fond des Etats-Unis, avec, en tête, "Restless Sinner", purement acoustique, ou "Gospel Song", "Complicated Situation" et son harmonica particulièrement pittoresque, ou encore "Ain’t no easy way", très caractéristique du changement opéré. A se demander finalement si nos amis bikers n'ont pas vu la Vierge et fait un tour aux JMJ cet été, en parsemant leur album de plusieurs thèmes religieux (le diable, les démons, l'âme, notamment avec un morceau quasi mystique comme "The Line").
Voici donc une mutation surprenante mais réussie pour le Black Rebel Motorcycle Club, qui, avouons-le, risque de perdre pas mal de fans pour le coup en laissant de côté leur rock sombre et huileux, mais aussi –espérons-le pour eux – d’en gagner d’autres. Alors certes, on ressent un petit pincement au cœur en réécoutant des merveilles comme « US Government » sur le précédent album, mais on a gagné au change de superbes mélodies, comme sur « Sympathetic Noose », pas si éloignée dans la forme et dans le fond de ce que peut faire un groupe comme Turin Brakes. A noter également, le magnifique art design du livret, sorte de reproduction d’un album 33 tours. L’effort mérite d’être signalé.
En conclusion, ce Howl, qui porte assez mal son nom (aucun hurlement en l’espèce, tous les morceaux étant particulièrement calmes), peut déstabiliser le fan des débuts aux premières écoutes, mais se révèle finalement très attachant. Une réussite, qui, peut-être, se traduira comme un nouveau départ pour le BRMC. A suivre...