Homecoming
Du Blonde
Aléas de la vie (et de notre compte Spotify), nous butons sur ce quatrième album de Du Blonde au moment même où elle donne un nouveau coup de volant à sa carrière. Même si elle n’a jamais provoqué d’émeutes de ce côté-ci de la Manche, l’Anglaise expatriée aux États-Unis a plutôt bien avancé ses pions au cours des dix dernières années tout en prenant le risque de changer de costume entre chaque album.
À force d’enchaîner les mues, il nous a fallu d’ailleurs un certain temps pour la relier à son (très réussi) premier album, Yours Truly, Cellophane Nose, paru en 2011 sous son vrai nom, Beth Jeans Houghton. Quatre ans plus tard, la créature diaphane qui se présentait alors comme la relève d’une certaine pop-folk lyrique à la Florence & The Machine s’est fait expulser à coups de Fender pour faire place à Du Blonde, une frondeuse peroxydée bien plus proche de Courtney Love que d’Agnès Obel. Si le personnage des débuts ne manquait pas d’intérêt, son alias se révèle nettement plus imprévisible et divertissant.
Dépitée par une industrie musicale dont les rouages ne lui offraient pas l’autonomie qu’elle exigeait, Du Blonde s’est dit qu’il valait mieux se barrer du nid, quitte à y laisser des plumes. Depuis l’écriture des textes jusqu’à l’enregistrement sur son propre label, en passant par la conception du merch, ce Homecoming est un produit 100% DIY qui n’a pas la folie des grandeurs, mais savoure chaque instant de cette liberté retrouvée comme un golden retriever lâché dans un tas de feuilles mortes.
Il y a d’ailleurs quelque chose de joyeusement régressif dans ces 25 minutes compressant des hymnes pop-punk récupérés dans les meilleurs tiroirs des nineties. On le connait, ce son. On sait qu’il ne nous veut que du bien, ce son. On les a choyées, ces artistes qui, de Veruca Salt à Belly, des Breeders à Bikini Kill, ont été capables de concilier le brut et la légèreté, la férocité mélodique à l’attitude de branleuses. Il ne lui aurait sans doute pas fallu grand-chose pour basculer dans la parodie ou la mauvaise contrefaçon, mais la demoiselle a de la ressource… et des amis qui connaissent suffisamment leur affaire pour l’aider à dépoussiérer tout ça. À commencer par l’une des reines du genre, Shirley Manson, dont le timbre a traversé les décennies sans encombre et s’associe à merveille à celui de Du Blonde sur la petite madeleine grunge "Medicated". On y croise aussi Ezra Furman qui a l’air de vivre sa meilleure vie sur "I’m Glad That We Broke Up" ou Andy Bell de Ride pour une ballade dont le refrain à reprendre en chœur (de préférence, très fort, très faux et passablement éméché) anticipe déjà le retour des festivals.
Homecoming est plutôt du genre à secouer les paillettes dans la boule à neige, avec de la poigne et un certain sens de l’humour. Contrairement à son précédant Lung Bread For Daddy, sur lequel ses récits tongue-in-cheek côtoyaient une guitare solitaire alourdie au plomb, Du Blonde y tartine ses références sans se prendre trop au sérieux et y aligne ses cartouches avec une efficacité redoutable. Point bonus pour cette pochette à la ramasse qui évoque vaguement une Brody Dalle plongée dans un bain de Gwen Stefani.