Holy Fire
Foals
A leurs débuts en 2008, les Foals étaient, un peu comme Bloc Party ou Franz Ferdinand quelques années avant, le groupe hype à la fraîcheur incontestable qui faisait remuer les boules dans les clubs, les festivals et les chaumières. Et à l'époque, comme tout le monde on a kiffé. Deux ans après ils nous ont fait le coup de l'album de la maturité, et même si toute la tracklist de Total Life Forever n'est pas impérissable, il faut bien avouer que l'écoute de l'inusable "Spanish Sahara" fout encore des frissons là où c'est bon.
En 2013, nous étions donc en droit d'attendre les yeux brillants et la truffe humide soit un disque de continuité, reprenant les choses là où Total Life Forever les avait laissées et déroulant son savoir-faire, soit un album de rupture, leur Kid A à eux, qui aurait emprunté des chemins de traverses pour filer tout droit vers la catégorie "grand disque". Pas de cul pour nous autres humbles auditeurs et commentateurs musicaux, le groupe d'Oxford a préféré sortir avant l'heure son (inévitable?) disque de la compromission. Le premier single "Inhaler" nous avait déjà mis la puce à l'oreille il y a quelques semaines, et il faut bien dire que la présence des deux mastodontes de la productions que sont Flood (Depeche Mode ou The Killers, entre autres) et Alan Moulder (Foo Fighters, The Killers également) au générique nous mettait comme un vilain doute en tête. Et effectivement Holy Fire est loin d'allumer chez nous le feu sacré. On comprend même très vite où l'on a mis les oreilles dès le doublet introductif "Prelude" et "Inhaler" donc, deux gros sons bien boursouflés.
Par moments, on se dit quand même qu'il ne faut pas tout jeter. Ainsi "My Number", le second single, s'écoute sans trop grimacer même si les paroles niaises ("You don't have my number, we don't need each other now") sont de rigueur. On passe même par quelques fulgurances rappelant les débuts du groupe, tout en puissance décontractée, comme la première minute d'"Everytime"... que le refrain vient tout simplement bousiller. Et pour être tout à fait honnêtes, "Milk & Black Spiders" nous a fait bouger la tête et le planant "Moon", qui conclut la galette sur une touche contemplative et originale pour le groupe, laisse un peu d'espoir pour la suite. Mais pour cette fois Foals a pris trop peu de risques, un Yannis Phillippakis globalement en petite forme et un son volontairement gonflé aux stéroïdes achevant de faire d'Holy Fire un album qui, sans être inécoutable, déçoit sur le fond comme sur la forme.