Hold On Now Youngster
Los Campesinos!
Il y a quelques mois, l’excellent label Wichita nous faisait découvrir ses nouveaux petits protégés, Los Campesinos !, soit une joyeuse troupe de sept étudiants gallois qui avaient alors séduit avec un premier EP plein de promesses (Sticking Fingers Into Sockets). Aperçus il y a quelques mois lors d'un concert bruxellois en compagnie de ce qui s'annonce comme la grosse hype de l'année 2008, j’ai nommé Vampire Weekend, Los Campesinos!, emmenés par un chanteur aux poses légèrement insupportables, avaient livré une prestation brouillonne qui témoignait d’une maîtrise plus qu’approximative d’un bordel bien mieux organisé lorsqu’il est canalisé par les doigts d’un producteur habile. Ce jour-là, en raison de la désagréable cacophonie qui régnait trop souvent, il avait été difficile de se faire une idée précise des nouvelles compositions que le groupe était venu présenter à son public. Heureusement, voici que débarque Hold On Now, Youngster…, le premier album du groupe qui nous permet de nous faire une idée plus précise des progrès réalisés par les Gallois en quelques mois.
Dès les premières notes de « Death to Los Campesinos », le constat se veut des plus rassurants. Le groupe n’a rien perdu de cette fougue juvénile qui animait ses compositions sur l’EP qui les a fait découvrir. Mieux encore, celui-ci semble avoir gagné en énergie ! D'un bout à l'autre de cet album, ça va vite (voire très vite comme sur « Broken Heartbeats Sounds Like Breakbeat »), ça hurle (rarement à une voix), ça utilise les claviers, les violons ou le xylophone à bon escient et ça sent la bonne humeur et la débauche d’énergie communicative. A l'image des deux titres qui étaient déjà présents sur Sticking Fingers Into Sockets (les excellents « Don't Tell Me To Do The Math(s) » et « You! Me! Dancing »), les dix autres nouvelles compositions que compte le nouvel opus des Gallois sont autant de décharges ultra vitaminées qui ont pour unique vocation de vous foutre une pêche d’enfer. S’inspirant autant des Pixies (pour l’instantanéité et l’énergie) ou des Ramones (le "one two three four" du second morceau notamment) que de Pavement (pour le côté ‘joyeux bordel’), nos sept larrons se lancent tête la première dans une opération séduction qui porte ses fruits en quelques écoutes à peine. Exception faite de quelques moments de relative accalmie sur lesquels le groupe se révèle légèrement moins convaincant, Hold On Now, Youngster… est un concentré pur jus de pop jouissive (à défaut d’être élégante) matinée de fulgurances punk. Et pour couronner le tout, le groupe se permet même d'assortir des compositions de qualité de titres souvent hilarants tels que « 2007, The Year Punk Broke (My Heart) » ou « This Is How You Spell » Hahaha, « We Destroyed the Dreams and Hopes Of A Generation of Faux-Romantics » ».
Au vu de la qualité des douze titres ici présents, on peut difficilement en vouloir à une formation aussi jeune que Los Campesinos ! de ne pas (encore) soigner la forme une fois lâchés sur scène. Cependant, on leur sera gré de rectifier le tir au plus vite car ces titres-là, correctement exécutés en concert, sont taillés sur mesure pour foutre un joli souk. Rendez-vous est donc pris cet été pour juger sur pièce...