High Anxiety
Thom Sonny Green
Sans coup d'éclat, sans volonté de révolutionner quoi que ce soit, High Anxiety a l'honnêteté de ne pas se présenter pas comme un chef d'oeuvre absolu. Et c'est d'autant plus rare qu'il faut le préciser. Car dans une société où tout doit briller, quelle place reste-t-il pour la chose commune ? Pourtant habitué à être sous le feu des projecteurs avec Alt-J), le batteur Thom Sonny Green propose un album à son image: légèrement chaotique et déstructuré.
Long de 21 titres pour plus d'une heure d'écoute, High Anxiety sonne comme une thérapie pour son compositeur. Sujet à des crises d'angoisses, Thom Sonny Green s'isole parfois dans sa chambre d'hôtel pour tenter de reprendre contact avec la réalité. Une réaction qu'on peut facilement comprendre lorsqu'on sait que le bonhomme est sur la route depuis plus de 3 ans, et que ce genre de pérégrinations ont tendance à user - et pas qu'un peu.
C'est durant ces moments d'isolement que l'artiste a découvert les joies de la production. Aucune volonté de faire de la pop, mais clairement l'envie de cristalliser les idées sombres qu'il ne peut pas exprimer au sein de son groupe. Se créent alors des univers très visuels qui flirtent avec l'electronica warpienne ou l'ambient. Tout n'est pas très abouti et on a parfois l'impression de se promener dans un laboratoire mais parmi autant de textures, on trouve tout de même de bonnes surprises. On sent rapidement les influences de Boards Of Canada ou d'Arca, mais on réalise aussi très vite qu'on est loin du compte.
Il est clair que High Anxiety n'a été composé pour répondre qu'à une seule demande - soulager les crises d'angoisse de son géniteur - et que dans cette optique, il sera dur d'y trouver un confort absolu. Sans plus de prétention, Green n'a pas cherché à construire une image d'artiste torturé pour rameuter la presse autour de son album. C'est la raison pour laquelle cet album doit être considéré tel qu'il est, en dépit des troubles de Thom Sonny Green; c'est-à-dire un album simple, qui ne fait pas de remous, ne fait pas avancer la machine mais qui a au moins le mérite de ne pas la faire reculer non plus. Un album qui vient simplement gonfler la masse des sorties et qui fait plaisir à son compositeur. Et c'est probablement là le plus important.