Here Comes The Wind
Envelopes
En entamant cette chronique du nouvel album des Envelopes, j’ai parcouru les archives de mon PC et noté avec effroi que le premier album de ce jeune groupe franco-suédois ne figurait pas dans mon top de fin d'année. Horreur. Car en dépit d’une absence totale d’originalité, celui-ci s’était rapidement révélé être un condensé imparable de pépites rock légèrement foutraques et incroyablement matures de la part d’un groupe d’étudiants dont la moyenne d’âge devait avoisiner la vingtaine et qui se consacraient à la musique pendant les vacances scolaires. A la fois une bonne bouffée d’air frais et un petit plaisir régressif comme on n'en entend jamais assez souvent, Demon était (et est encore) de ces albums qui s’écoutent en boucle sans jamais lasser.
Pour ce nouvel effort, les Envelopes ont jugé bon de ne pas changer une équipe qui gagne en sortant leur troisième opus sur le label londonien Brille Records (qui accueille également The Knife, Whirlwind Heat et Operator Please), en prenant à leur compte une bonne partie de la production et en continuant de puiser leur inspiration dans les années 90, et plus particulièrement chez ces deux monuments de la décennie que sont les Pixies et les Talking Heads. Encore plus frappante que par le passé (écoutez « Smoke In The Desert, Eating In The Sand, Hide In The Grass » ou « Life On The Beach »), la ressemblance avec les formations emmenées par David Byrne et Black Francis n’est pas pour autant un handicap susceptible de faire des Envelopes un groupe de seconde zone juste bon à nous remémorer quelques bons souvenirs. A l’inverse, le groupe fait preuve de suffisamment d’intelligence et de personnalité pour ne pas sombrer dans une musique qui flaire le cliché à trois kilomètres à la ronde. Résolument lo-fi et moins immédiat que son prédécesseur, Here Comes The Wind s’impose au fil des écoutes comme un disque propice à quelques expérimentations – notamment des synthés davantage présents que par le passé. Les fans de la première heure se réjouiront donc de retrouver ces titres foutraques et énergiques qui ont fait la renommée du groupe, ses échanges vocaux entre Audray Pic et son comparse Henrik Orrling et cette bonne humeur communicative qui imprègne l’immense majorité des morceaux de Here Comes The Wind.
Rien de bien neuf à signaler du côté des Envelopes donc. Dans une scandaleuse indifférence, le groupe aligne les albums dont l’originalité est inversement proportionnelle au degré d’enthousiasme qu’ils sont capables de déclencher. Et bien qu’il faille reconnaître que Here Comes The Wind soit un chouia moins inspiré que son prédécesseur, cela n’empêche pas les Envelopes de surnager dans leur catégorie.