Here Come The Tears

The Tears

Independiente – 2005
par Popop, le 21 février 2005
7

On les voit venir à des lieues à la ronde les critiques… Bien sûr que ce disque ressemble à s’y méprendre à du Suede !!! Comment pourrait-il en être autrement ? Comment la réunion de Brett Anderson et Bernard Butler, divorcés les plus célèbres de l’ère britpop, pourrait ne pas avoir un fort air de ressemblance avec leur ancien groupe ? La séparation des deux compères, peu de temps après l’enregistrement de l’essentiel Dog Man Star, avait fait couler pas mal d’encre. Ici et là, on entendait parler d’énorme gâchis, de grande perte pour la musique britannique… Des années durant, les disques de Suede (période Richard Oakes) et de Bernard Butler (en solo ou avec McAlmont) ont consolé les fans, sans pour autant faire oublier les flamboyantes premières années.

En 2003, la sortie de la compilation Singles venait sonner le glas pour les précurseurs du revival britpop. Peu de temps après, la presse britannique, NME en tête, révélait que les anciens amants avaient été aperçus en train de flirter à nouveau dans un pub de Londres. On attendait le roulage de pelle qui viendrait officialiser les retrouvailles – ce qui ne tarda pas à arriver, suivi en 2004 de l’annonce de la formation de The Tears. Passons sur le choix de ce pseudonyme, sorte de perche tendue aux détracteurs de toujours et qui devrait apporter son lot de jeux de mots foireux dans les chroniques de ce premier album. Penchons-nous plutôt sur le fruit de ces secondes noces…

Si l’on voulait caricaturer à l’extrême, on pourrait dire que Here Come The Tears sonne comme un album solo de Bernard Butler chanté par Brett Anderson – avec en bonus les sempiternelles rimes urbaines du chanteur (il est une fois de plus question de 'streets', de 'cigarettes', de 'star' et de 'lovers' - la routine, quoi). Musicalement, la patte du guitariste est immédiatement reconnaissable : guitares lourdes, cordes abondantes, claviers omniprésents – bref, du costaud, taillé pour les stades, et frôlant toujours l’overdose sonore. On pourrait craindre le pire, mais la sauce prend, et plutôt bien. Car l’essentiel est là : les compositions tiennent la route. Du premier single "Refugees" à l’énorme "Apollo 13", en passant par "Imperfection" et "Brave New Century", le groupe récite sagement sa formule et aligne les tubes potentiels.

Bien sûr, le disque n’est pas exempt de quelques facilités - "Autograph" notamment aurait pu être laissé de côté, mais l’ensemble reste proprement impressionnant. Au final, Here Come The Tears se rapproche des sommets grandiloquents de la pop anglaise que sont Let It Come Down de Spiritualized et Urban Hymns de The Verve. Un disque qui en écœurera plus d’un mais qui ravira les fans de rock pompier et outrancier - à la Suede donc.

Le goût des autres :
6 Nicolas 8 Splinter