Heartworms
The Shins
En préparant ce papier nous faisions le constat, avec le rédac' chef, qu’en 2017 plus grand monde n’en avait grand chose à cirer d’un nouveau disque de The Shins. Il y a à peine trois ans pourtant, le gourou du groupe, James Mercer, générait un impressionnant buzz avec le second album de son duo disco-pop Broken Bells. Point d’attente fébrile aujourd’hui, mais on aurait pu penser que malgré cela le bonhomme allait reprendre le fil de l’histoire là où Port of Morrow l’avait laissé, en y injectant des éléments de son échappée avec Danger Mouse. La tête pensante de The Shins est de plus revenu à l'auto-production, promettant un son moins léché et un retour aux origines.
Hélas, le compte n’y est pas et, si Heartworms n’est pas un échec artistique, il parait bien fade au regard des travaux passés de l’Américain. Les écoutes successives ne permettent pas de casser un sentiment de déjà-vu. Les références sont toujours les mêmes, Mercer payant son tribut aux grands anciens des années 60, Beach Boys et Zombies en tête, mais on ne parvient pas à avoir le coup de foudre comme on avait pu l’avoir il y a quinze ans pour un Oh, Inverted World ou un Chutes Too Narrow. Peut-être Mercer, resté seul aux commandes de son groupe originel, paye-t-il le prix de son isolement, le reste du line-up étant composé uniquement de nouveaux venus moins imprégnés de ce qui faisait l'originalité du combo d'Albuquerque.
C’est encore le milieu de l’album qui s’en sort le mieux, ici un sympathique solo de synthé sur "Fantasy Island", là la comptine folk bien troussée "Mildenhall". Mais globalement malgré la présence de nombreux chœurs tout au long du disque le cœur n’y est pas. On a même furieusement envie de passer en avance rapide sur certaines chansons comme l’horripilante "Half A Million". Autre faux pas : on ne comprend pas bien pourquoi se retrouve dans la tracklist "So Now What", morceau de 2014 composé pour le film Whish You Were Here, qui bien que plutôt bon tranche nettement avec le reste de la galette volontairement moins produite. Heartworms manque au final cruellement de caractère et, sans être inaudible, reste de l’ordre de l’anecdotique. La hype avait donc vu juste. Dommage pour un groupe aux débuts si marquants.